722 ans depuis la mort de Sainte-Agnès

Sainte-Agnès

Le 2 mars 1282 mourait Anezka Premyslovna - Agnès de la dynastie des premiers rois de Bohême des Premyslides, canonisée en 1989 pour ses mérites exceptionnels. La trace qu'elle a laissée dans l'histoire tchèque est profonde: Agnès est la fondatrice de l'Ordre des chevaliers de la Croix à l'Etoile rouge, d'une abbaye franciscaine, d'un couvent des clarisses et du premier hôpital à Prague.

Une messe a été célébrée, ce mardi, à l'église Saint-François-d'Assise, place Krizovnicke, à Prague, à la mémoire de sainte Agnès. L'Ordre des chevaliers de la Croix à l'Etoile rouge se consacre aux activités caritatives et hospitalières. Durement réprimé dans les années cinquante du siècle écoulé par le régime communiste, l'ordre compte aujourd'hui 19 membres. Les qualités morales d'Agnès, sa compassion, son rapport envers les pauvres et les souffrants, ont été rappelées lors de la messe. Les gens ont prié pour que dans le monde actuel il y ait plus de personnalités comme Agnès.

Agnès, fille du roi Otakar 1er, soeur du successeur au trône de Bohême, Venceslas 1er, naît le 20 janvier 1205. Elle possède le talent d'apaiser les conflits qui menacent d'affaiblir la position du royaume. Mais très vite, c'est son talent d'aider les plus nécessiteux qui prédomine. Agnès se trouve au berceau de l'érudition tchèque, en créant une école auprès du couvent des franciscains à Prague. C'est là aussi qu'elle fonde le premier hôpital destiné aux couches les plus pauvres. Elle entretient une correspondance avec le pape et surtout avec la fondatrice de l'ordre féminin des franciscains, Claire d'Assise, pour devenir plus tard, elle-même, fondatrice de l'unique ordre tchèque de la confrérie hospitalière reconnue par la Bulle du pape en tant qu'Ordre des Chevaliers de la Croix. Soigner les malades, les pauvres et accorder un asile aux pèlerins sont les missions principales de cet ordre. Agnès restera à sa tête jusqu'à sa mort, en 1282.

Au fur et à mesure, Agnès renonce à la vie politique. Elle renonce aussi définitivement à toute demande de mariage: l'histoire dit qu'à sa demande le pape Grégoire IX annule ses fiançailles avec le roi anglais, Henri III. Elle consacre entièrement sa vie à Dieu. Agnès devient la première abbesse du couvent qu'elle a créé. Dans tout ce qu'elle fait, elle est profondément influencée par François d'Assise. Elle et ses religieuses vivent dans la plus haute modestie. Il n'est point rare de voir Agnès observer le jeûne pour pouvoir nourrir autrui. Elle n'hésite pas à soigner les malades et à apporter une aide aux mourants.

Dans les annales historiques, nous lisons qu'Agnès avait un don de diplomatie religieuse qui rayonnait dans un double sens: spirituel et étatique. Bien qu'elle ait abandonné la cour, elle a toujours eu en vue la prospérité du royaume. Jamais, elle n'a cessé d'être fidèle à la famille des Premyslides. Point étonnant que le peuple honorait Agnès en tant que sainte encore de son vivant et que plusieurs légendes se rapportaient à ses actes miraculeux.

Les premières tentatives de canoniser Agnès de Bohême datent de 1328. C'est la reine Elisabeth, épouse du roi Jean de Luxembourg, qui prend l'initiative. Dès lors, cette volonté est réitérée tant par les rois de Bohême, dont Charles IV et son petit-fils Venceslas IV, que par l'Ordre des franciscains et, plus tard encore, par l'empereur Léopold 1er. Ces efforts ne sont couronnés qu'en 1874 par la béatification d'Agnès, par le pape Pie IX. L'effort continuel en vue de canoniser Agnès se heurte à plusieurs obstacles dont le plus important est l'absence de sa dépouille mortelle. Enterrée dans la chapelle du couvent qui porte aujourd'hui son nom, sa dépouille a été mise à l'abri contre les inondations qui ont ravagé Prague en 1322. Depuis, elle a été portée disparue. C'est le pape Jean-Paul II qui, enfin, en 1982, relance le processus de canonisation, à l'occasion du 800e anniversaire de la naissance de François d'Assise, le père spirituel d'Agnès, et du 700e anniversaire de la mort d'Agnès.

Le processus aboutit, le 12 novembre 1989, quand Agnès de Bohême des Premyslides est honorée par les distinctions suprêmes de l'Eglise. Sa canonisation, à quelques jours de la Révolution de velours, revêt une valeur de symbole pour toute la nation. Elle représente non seulement une immense satisfaction pour le cardinal Frantisek Tomasek, mais aussi un réconfort pour tous les Tchèques croyants ou non qui y voient l'accomplissement des idéaux empreints du respect de l'homme, de ses droits et de sa vie.

Reste à ajouter que le couvent Saint-Agnès dans la Vieille-Ville de Prague regroupe deux églises et deux couvents - des clarisses et des franciscains, et qu'il a été l'un des premiers édifices religieux de Prague bâtis en style gothique. Son architecture trahit l'influence de l'art bourguignon cistercien. Des fouilles archéologiques en 1941 ont mis à jour la répartition initiale du complexe et permis une restauration approfondie. En 1986, les locaux ont été affectés à la Galerie nationale qui y exposait ses collections de peinture. Les inondations de l'été 2002 ont gravement endommagé le couvent. Les travaux de restauration ne sont toujours pas terminés.