25 ans depuis l'ouverture de la ligne A du métro de Prague

Il y a 25 ans, la ligne A du métro de Prague a été mise en service. L'ouverture solennelle a eu lieu le 12 août 1978. Reliant les quartiers de Dejvice et de Vinohrady, la ligne A mesure à nos jours 10,1km, elle compte 12 stations et elle a été creusée dans la profondeur de 11 à 53 mètres. Je profite donc de l'anniversaire de la ligne A pour vous présenter l'histoire de la construction du métro de Prague.

Les premières mentions sur le transport en commun dans la capitale tchèque datent de 1829, année où Jakub Chocensky obtint l'autorisation de transporter les voyageurs en omnibus - voitures à chevaux. Ces omnibus furent mis en service en 1830 et supprimés la même année, faute du nombre suffisant de voyageurs. Il fallut attendre 40 ans avant que les omnibus ne reviennent à Prague pour faire concurrence, entre autres, au chemin de fer hippomobile mis en service en 1875. A la charnière des 19ème et 20ème siècles, les chevaux durent céder la place à l'électricité et c'est le commencement du transport en tramway dont l'essor s'annonce notamment après la Première Guerre mondiale. L'idée de construire le métro à Prague apparut pour la première fois au début du XXème siècle mais ce ne fut qu'en 1926 que les architectes, Bohumil Belada et Vladimir List présentèrent le premier plan de construction du métro prévoyant quatre lignes. En 1939, on a fait élaborer un autre projet avec trois lignes seulement, mais la Seconde Guerre mondiale l'a déjoué. En 1965, le gouvernement décida de construire une ligne de tram souterraine, ce plan étant transformé deux ans plus tard en la construction du vrai métro.

Les travaux ont commencé le 15 mars 1967 sur les lieux où se trouve aujourd'hui la station de métro Hlavni nadrazi /Gare principale/ et l'année suivante, on a achevé la construction de toutes les stations de la ligne C. Quant au travail lui-même, le percement des tunnels n'a pas été une partie de plaisir, peut-on lire dans la presse de l'époque, car on manquait de perceurs expérimentés. En plus, on perçait dans des conditions géologiques extrêmement difficiles. Par exemple, il fallait percer des remblais s'y trouvant depuis la période où la ville se débarrassait de ses fortifications. La ligne C, qui compte aujourd'hui quinze stations, abrite la station dont la construction a été la plus coûteuse, le Musée, la moins coûteuse - Vysehrad - qui était d'ailleurs l'unique station de surface avant l'ouverture du dernier tronçon - et la plus longue station - Kacerov - qui mesure 385 mètres. La station la plus profonde porte le nom du physiologiste et médecin russe I.P.Pavlov, au-dessus de cette station il y a encore quatre étages abritant les parkings. Rappelons que le nom de cette station est l'un des rares noms d'une station qui ont survécu aux changements de 1989. Toutes les stations qui portaient les noms des personnalités - symboles du régime communiste, dont Klement Gottwald, Lenin, le maire Vacek, Station des Cosmonautes ou Moscovite ont été rebaptisées après la révolution de velours, pour respecter les appellations locales ou traditionnelles. Le premier voyage d'essai sur la ligne C a été effectué en 1973, et le métro a accueilli ses premiers voyageurs quatre mois plus tard, le 9 mai 1974. A nos jours, la ligne C mesure 15 km et compte 15 stations que le train traverse en 25 minutes. C'est aussi la ligne la plus chargée car elle conduit à Jizni mesto /Ville du sud/, la plus grande cité de la banlieue pragoise. A part cette ligne, il y a encore les lignes B et A d'une longueur de 40 km, avec 36 stations. La dernière station Kolbenova sur la ligne B a été ouverte en juin 2001. L'année prochaine, on devrait mettre en service le quatrième tronçon de la ligne C menant jusqu'au quartier de Kobylisy.

Si l'on parle de la construction du métro de Prague on ne peut ne pas parler de la coopération soviétique à ce projet. Conformément à un accord intergouvernemental de 1982, l'Union soviétique et la Tchécoslovaquie se sont engagées à coopérer notamment dans le domaine de la réalisation architectonique des stations de métro à Prague et à Moscou. L'objectif de cette idée a été de créer à Moscou une station typiquement tchèque et une station typiquement russe à Prague, symboles de l'éternelle coopération tchécoslovaco-soviétique. Et quels sont les résultats de cette coopération? A Prague c'était la station Moskevska /Moscovite/ rebaptisée, après la révolution de 1989, Andel /Ange/, selon le nom traditionnel de cette partie du quartier de Smichov, dont l'apparence différait considérablement des autres stations. Ses murs ont été décorés d'une grande mosaïque représentant Moscou avec des ouvriers et autres représentants typiques du temps d'alors et où dominait, peut-être par hasard, la couleur rouge.

La construction du métro a offert aussi une occasion exceptionnelle aux archéologues, qui ont découvert, sur la ligne B, tout près de la place Jungmann, en plein centre de Prague, les fondations originales de l'église Notre-Dame-des-Neiges, la plus grande église pragoise fondée par Charles IV. Ils y ont découvert les fondations de maisons gothiques et Renaissance construites avant l'aménagement de la place, dans la période du baroque. Mais la vraie surprise devait encore arriver lors des fouilles archéologiques réalisées dans la ville sud-est, également sur la ligne B. Ici on a découvert plus de 150 sites datant de l'âge du fer, une dizaine de squelettes recroquevillés du début de l'âge du bronze et, notamment, la nécropole celtique datant du 4ème au 2ème siècle avant notre ère. Ainsi on a découvert au total 31 tombes avec des bijoux, des épées, des couteaux et des boucliers en bronze. Cette découverte témoigne de l'existence sur le territoire de Prague d'une communauté assez nombreuse et surtout riche, qui y vivait, il y a environ 3 500 ans.

Pendant son existence de 29 ans le métro est devenu le moyen de transport le plus important de la capitale. Selon une enquête, il transporte chaque jour plus d'un million de passagers qui y passent un quart d'heure, en moyenne, pour faire un peu plus de 5 km. Il y a un an, le métro de Prague a vécu l'une des plus grandes catastrophes de son histoire. La crue millénaire a mis hors service 25 stations, ce qui est presque la moitié, 16 stations ont été submergées par l'eau et considérablement abîmées. L'eau a inondé non seulement les stations de métro situées près de la Vltava, mais par les tunnels elle a pénétré jusqu'à des stations éloignées.

Auteur: Astrid Hofmanová
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