Yom Ha-Shoah : jour de la Shoah et de l'héroïsme

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Au coeur des cérémonies célébrant le 60e anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale qui culminent ces jours-ci, la Journée du souvenir en mémoire de la Shoah tombe, cette année, selon le calendrier hébreu, mobile, le vendredi 6 mai. Cette date correspond au jour du soulèvement du ghetto de Varsovie, le 19 avril 1943. Entretien avec Leo Pavlat, directeur du Musée juif de Prague.

Leo Pavlat
« Le mot « holocauste » est une métaphore très forte. Cela vient du grec et signifie « une victime immolée par le feu ». C'est une référence aux flammes, celles des crématoriums aux abords des chambres à gaz. C'est un rappel, une image de la destruction absolue. Néanmoins, dans le contexte biblique, ce terme fait référence à une victime immolée par le feu. Il y a une conséquence à cela, qu'on pourrait qualifier de « pseudo-religieuse » et qui pourrait amener à penser que l'extermination de 6 millions de personnes aurait des raisons religieuses ; c'est justement la raison pour laquelle le mot « Shoah » est utilisé dans la société juive, plus que le mot « holocauste », même si celui-ci est tout à fait établi et qu'il restera gravé dans les mémoires. »

Mais qu'en est-il de l'avenir de cette mémoire ? Les personnes témoins des atrocités des nazis et les rescapés vont disparaître à leur tour peu à peu. Pour Leo Pavlat, néanmoins, l'important n'est pas de mettre l'accent sur le fait que quelque chose d'atroce a eu lieu, car des atrocités, il y en a tous les jours. La connaissance du passé et du présent ne repose pas, selon lui, exclusivement sur la présence de témoins, car à l'heure actuelle, nous avons la chance d'être largement documentés. L'entretien de cette mémoire est pour Leo Pavlat un défi aux hommes, pour plus d'humanité :

« Je suis réaliste. Il n'y a jamais eu de paradis sur terre. Tout dépendra toujours d'une seule chose : qu'il y ait des gens qui ont à coeur les valeurs humanistes, la tolérance et qui sont capables de les défendre, qui ne sont pas indifférents aux symptômes de toute manifestation d'intolérance, de racisme, d'antisémitisme. Ils sont nombreux, donc c'est tout à fait possible. Particulièrement dans le cas de la communauté rom, la situation est alarmante. Je suis personnellement extrêmement déçu par les réactions venues des rangs des hommes politiques après qu'on les ait enjoints de raser le centre d'élevage de porcs à Lety. C'est pourtant absolument évident qu'il y a quelque chose qui ne va pas. J'imagine difficilement de telles réponses et de telles discussions pour savoir si le centre doit ou ne doit pas se trouver là, si une situation similaire concernait Lidice. Evidemment qu'il doit disparaître, il n'y a pas à discuter. »

Poursuivre ce travail de mémoire n'est pas qu'une vaine action, puisque les leçons de l'histoire n'empêchent pas les retours d'intolérance et de haine. Leo Pavlat a aussi présenté le rapport annuel sur l'état de l'antisémitisme en République tchèque, dont nous vous parlerons dans une prochaine édition.