« Voyageurs immobiles », invitation au voyage dans un univers hallucinant

'Voyageurs immobiles', photo: Théâtre national

Ce dimanche, les spectateurs de la Nouvelle scène du Théâtre national de Prague ont longuement applaudi un spectacle intitulé « Voyageurs immobiles » présenté par la compagnie Philippe Genty. Cette oeuvre insolite et inclassable est un curieux mélange de pantomime, de théâtre de marionnettes et d’illusionnisme scénique. Les artistes de la compagnie française réussissent à créer par des gestes, des gags et des jeux un univers drôle et hallucinant qui ne manque pas non plus d’accents tragiques et de moments d’horreur. Après la représentation, Václav Richter s’est entretenu avec Pierrik Malebranche, un des interprètes du spectacle. Voici un extrait de cet entretien dans lequel le comédien a d’abord présenté la compagnie Philippe Genty :

'Voyageurs immobiles',  photo: Théâtre national
« La compagnie elle-même monte des spectacles, je pense, depuis une trentaine d’années, des spectacles qui ne sont pas des numéros de cabaret mais des spectacles qui ont un déroulement et une continuité. Et quant à ce spectacle, ‘Voyageurs immobiles’, il a été créé il y a 15 ans. Philippe Genty l’avait créé et ils ont commencé à le jouer en 1995. Et ils souhaitaient de le reprendre. C’est pour cela qu’il est de nouveau sur les routes. »

Vous dites que le spectacle a été créé il y a 15 ans déjà. Il a donc une longue vie. Comment expliquez-vous cette longévité ?

« En fait il n’y a eu qu’une courte vie d’abord, parce je crois qu’ils ne l’ont tourné que deux ans, entre 1995 et 1997 à peu près. Et ensuite Philippe a souhaité le remettre en chantier. Je pense qu’il avait encore des choses à dire autour de ce spectacle, des choses qu’il voulait approfondir un petit peu. Et puis il y a avait des gens qui le demandaient encore. Donc je crois que c’était un ensemble de choses qui ont fait que le spectacle ‘Voyageurs immobiles’ a été remis en route. »

'Voyageurs immobiles',  photo: Théâtre national
Il est sans doute difficile de résumer un tel spectacle, fait de fantaisie et de choses mal définissables, mais essayons quand même de dire de quoi il s’agit.

« Il est vrai que c’est toujours difficile. Philippe lui-même est un petit peu réticent à raconter les histoires de ce spectacle parce qu’il dit que la scène est le lieu de l’inconscient. Le spectacle se déroule comme une succession de scènes, comme des rêves et des cauchemars qui se succèdent les uns après les autres. Et je crois que le spectateur y peut poser ses propres fantasmes et ses propres cauchemars. Trop en dire c’est toujours réduire un peu. Mais bon, on peut quand même le résumer à une espèce d’humanité, un groupe d’humains, qui va traverser des paysages fantastiques, désert, océan, mais qui sont, je crois, autant de paysages mentaux. »

Le spectacle s’appelle « Voyageurs immobiles ». Qui sont ces voyageurs ? Vous vous posez cette question ? Faut-il se poser cette question ?

'Voyageurs immobiles',  photo: Théâtre national
« Oui, je crois qu’il le faut. On peut se poser la question. Moi, j’ai une définition du voyageur immobile, mais c’est la mienne, je ne sais pas si c’est celle de Philippe, je ne sais pas si c’est celle des spectateurs. Pour mois le voyageur immobile c’est nous, c’est chaque être humain quand on démarre un voyage très intérieur, un voyage au fond de soi-même. Moi, j’ai fait une psychanalyse il y a quelques années. Je crois que c’était une des plus grandes aventures qui m’a été donné de vivre, une espèce de plongée. Et j’ai eu vraiment l’impression de voyager, de découvrir des choses, des paysages, des obstacles aussi, donc des choses que je n’imaginais pas. C’est donc mon interprétation, mais ce n’est vraiment que la mienne. »

Tout cela, c’est l’oeuvre du metteur en scène, ou c’est aussi vous, comédiens, qui participez activement à la création du spectacle ?

'Voyageurs immobiles',  photo: Théâtre national
« Le spectacle est très ‘écrit’ au départ. Philippe écrit toutes les scènes mais par contre, quand on commence à travailler, il ne nous livre que très très peu de choses. On va commencer à travailler en répétition, il va nous donner un thème, et puis on va improviser. (…) C’est une espèce de va et vient entre l’écriture de l’auteur-metteur en scène et nos propositions. Donc c’est une espèce de tissage. Mais il n’empêche que l’univers reste quand même bien celui de Philippe Genty. C’est un auteur qui a un univers très très fort, très cadré, très délimité, et nous, c’est à l’intérieur de cet univers qu’on cherche à apporter nos fantaisies. »