Visas canadiens : les Tchèques réagissent

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La décision prise, mardi, par le gouvernement canadien de réintroduire un régime de visa d’entrée pour les Tchèques désirant se rendre au Canada continue de faire grincer les dents à Prague. Le gouvernement tchèque a aussitôt réagi en imposant à son tour des visas pour les diplomates canadiens et en rappelant l’ambassadeur en place à Ottawa. Le Premier ministre a également sollicité la solidarité de l’Union européenne. Par la voix de son président José Barroso, la Commission a annoncé qu’elle se prononcerait sur l’éventualité d’établir une obligation de visa pour les ressortissants canadiens dans chacun des pays membres en septembre prochain. D’ici-là, le torchon risque de continuer à brûler entre la République tchèque et le Canada.

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C’est du moins ce que laissent à penser les propos du ministre tchèque des Affaires étrangères, Jan Kohout :

« C’est une situation à laquelle je n’ai jamais été confronté en vingt ans de carrière au ministère. Je pense que ce n’est pas une façon correcte d’agir. De telles décisions doivent être communiquées à l’avance au ministère des Affaires étrangères. »

Concrètement, la République tchèque reproche au Canada d’avoir pris sa décision sans l’avoir avertie. Un reproche que rejette toutefois la partie canadienne, comme l’a expliqué l’ambassadeur en poste à Prague, Michael Calcott :

Michael Calcott,  photo: CTK
« Je pense que la différence de points de vue est juste une question de date. Lorsque le ministre canadien de l’Immigration est venu à Prague, fin juin, il a très concrètement informé le Premier ministre tchèque, les ministres des Affaires étrangères, de l’intérieur et des Droits de l’homme des mesures que le gouvernement avait adoptées. Au moment de cette réunion, nous pensions rétablir le régime de visa le 7 juillet. Mais pour des raisons techniques nous avons été contraint de décaler la mise en application de notre décision au 14 juillet. Et ensuite, nous n’avons plus informé les Tchèques sur cette date. Mais cela ne change rien au fait que la partie tchèque savait déjà que notre décision était prise. »

Pour faire face au nombre grandissant de demandes d’asile politique émanant majoritairement des Roms tchèques, qui s’élève à 1 720 depuis le début de l’année, le gouvernement canadien a donc décidé de réintroduire une obligation de visa pour les ressortissants tchèques voyageant au Canada. Une décision fortement critiquée par la République tchèque, qui a décidé d’appliquer une mesure réciproque pour les diplomates canadiens en poste à Prague. Le gouvernement ne peut toutefois pas agir de la même manière avec l’ensemble des ressortissants canadiens du fait de la réglementation de l’UE qui l’en empêche, même si le Premier ministre, Jan Fischer, espérait faire changer les choses :

« La République tchèque va immédiatement se tourner vers la Commission européenne et activer ce qui est appelé la clause de solidarité, c’est-à-dire adopter une position commune dans ce type de situation, quand une obligation de visa est rétablie vis-à-vis d’un pays membre. »

La Commission européenne a réagi en faisant savoir qu’elle déplorait la décision d’Ottawa, mais qu’elle n’entendait pas prendre de sanctions et imposer réciproquement des visas aux Canadiens dans chacun des vingt-sept pays membres, comme le réclame la République tchèque. Mercredi, José Barroso a même précisé que la Commission publierait un communiqué sur la problématique en septembre prochain. Autant dire qu’il en revient donc à Prague de se débrouiller avec Ottawa.