Vers le plein emploi dans les prisons tchèques

Photo: ČTK

Tous les détenus ou presque en République tchèque devraient être employés d’ici quelques années. C’est le souhait exprimé ce mercredi par le ministre de la Justice Robert Pelikán dans le cadre de la visite du centre pénitentiaire pour femmes de Světlá nad Sázavou, un établissement modèle dans le domaine. L’objectif affiché est de favoriser la réinsertion des prisonniers avec un système qui permet aussi à certaines entreprises de bénéficier d’une main d’œuvre à très bas coût.

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« Quand vous enfermez quelqu’un en prison et que vous ne lui donnez pas de travail, vous pouvez difficilement espérer qu’il mènera une vie ordonnée une fois qu’il aura été libéré. »

Pour le ministre, le travail en prison constitue un outil de resocialisation qui permettrait de faciliter la réintégration dans la société des détenus ayant purgé leur peine et ainsi d’éviter la récidive. En République tchèque, la population carcérale est d’environ 19 500 détenus, dont plus d’un tiers exercent déjà un emploi. Au centre pénitentiaire de Světlá nad Sázavou, où sont emprisonnées quelque 800 femmes, cette proportion s’élève à 65% et la directrice de l’établissement veut poursuivre l’effort.

En juin, une nouvelle usine d’emballage alimentaire appartenant à une entreprise belge spécialisée dans le biscuit doit ouvrir ses portes dans cette petite ville située au nord-ouest de la région de Vysočina, en plein cœur du pays, et employer des détenues. Le phénomène concerne toute une série de prisons : à Plzeň par exemple, il est prévu de construire un atelier de production qui sera directement attenant à la prison de la ville et pour lequel pourront œuvrer 300 personnes.

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A travers ce type de dispositifs, les prisonniers ont une opportunité de gagner un peu d’argent et par là même la possibilité de payer des dettes qui peuvent compliquer leur réinsertion dans la société. Pour certains détenus, exercer une activité est aussi un moyen de tuer le temps ; c’est en tous les cas ce que l’un d’entre eux explique dans un reportage de Télévision publique tchèque. Mais il y a un hic qu’on comprend rapidement en écoutant Jana Königová, qui s’occupe des affaires économiques à la prison de Rýnovice dans la ville de Jablonec au nord-est de la Bohême :

« Les prisonniers ne reçoivent pas un salaire en tant que tel, mais en accord avec la loi, ils doivent être rémunérés. Nous disposons d’une série de contrats avec des partenaires pour lesquels nous nous engageons à réaliser telle ou telle production. »

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Ainsi, dans un contexte de pénurie de main d’œuvre – l’Association des exportateurs tchèques estimait ce mercredi qu’il manquait 70 000 ouvriers et des milliers de techniciens qualifiés en République tchèque -, il est tentant pour certaines entreprises d’aller faire leurs emplettes dans les prisons du pays pour garnir leurs chaînes de montage. Surtout que pour un travail équivalent à celui d’un employé traditionnel, il est possible de rémunérer les détenus à bien moindre frais. Jiří Štegl, qui travaille pour l’Administration pénitentiaire précisément sur cette question de l’emploi des prisonniers, précise à ce sujet :

« La comparaison est simple. Le salaire minimum en République tchèque est de 9900 couronnes, soit environ 360 euros. Pour l’heure, le salaire le plus faible accordé aux détenus et qui concerne la majorité d’entre eux est de 4500 couronnes, c’est-à-dire 166 euros. »

Depuis le début de l’année, le ministère de la Justice se vante d’avoir signé de nombreux nouveaux contrats. Il négocierait actuellement avec une dizaine d’entreprises pour continuer à développer l’emploi dans les centres pénitentiaires du pays.