Václav Klaus face aux critiques de ses grâces présidentielles

Václav Klaus

Le Parti social-démocrate (ČSSD) exige que le président de la République, Václav Klaus, explique les raisons pour lesquelles il a accordé une grâce présidentielle à diverses personnes condamnées par la justice tchèque. Ce n’est pas la première fois que les décisions de Václav Klaus en matière de grâces présidentielles provoquent des protestations, mais, en général, il refuse d’y réagir. Cette fois, cependant, la vague de critiques est si forte qu’il a été contraint de se défendre sur son site Internet.

Václav Klaus
Deux plaintes ont été déposées contre le président Václav Klaus et sont examinées par la police. Les médias lui reprochent, entre autres, d’avoir gracié l’homme d’affaires Tomáš Malina, ancien proche collaborateur de František Mrázek, un des chefs du réseau du crime organisé en République tchèque. Václav Klaus a expliqué la décision de différer le début de la détention de Tomáš Malina par le mauvais état de santé de ce dernier. Cependant, d’après le service pénitentiaire, la santé de l’homme d’affaires condamné pour une importante fraude fiscale, était bonne et rien ne justifiait la décision présidentielle.

Anna Benešová,  photo: CT24
Václav Klaus a également gracié l’ancienne directrice de l’Université métropolitaine de Prague, Anna Benešová. Accusée d’avoir exonéré toute une série de personnes influentes des frais de scolarité et d’avoir créé dans son établissement un réseau clientéliste, elle a été condamnée à deux ans de détention avec sursis. En justifiant sa décision sur le web, Václav Klaus souligne qu’Anna Benešová s’occupe de son mari malade et que son recours en grâce a été appuyé par des associations de personnes handicapées. Les commentateurs remarquent cependant que l’explication manque de logique, car une peine avec sursis n’empêcherait pas Anna Benešová de s’occuper de son mari. Et la presse d’évoquer aussi dans ce contexte la relation d’amitié existante entre la graciée et l’épouse du président, Livia Klausová, amitié qui pourrait être une des explications de l’extrême indulgence de Václav Klaus.

Face à ces informations, la social-démocratie a décidé de demander au président un supplément d’informations car elle le soupçonne d’avoir abusé de son droit. Selon le vice-président du Parti social-démocrate, Lubomír Zaorálek, les soupçons qui pèsent sur Václav Klaus sont si graves qu’ils doivent faire l’objet d’une enquête :

« Je pense qu’il faut absolument éviter que l’octroi d’une grâce présidentielle manque de transparence. Il me semble que c’est un manque de respect pour les principes démocratiques. Je ne veux pas que cette affaire soit effacée du débat public. Nous devons y penser et chercher une solution. Nous ne pouvons pas assister sans protester à ce qui se passe. »

Václav Klaus et ses proches collaborateurs rejettent toutes ces accusations, les considérant comme infondées et politiquement motivées. Selon Ladislav Jakl, directeur de la section politique du Bureau du président, la grâce présidentielle est un pouvoir qui ne peut pas et ne doit pas être soumis aux critères de la justice :

« La grâce n’est pas une espèce de prothèse de la justice. Ce n’est pas une polémique avec les tribunaux. Cela ne fait même pas partie de la justice. Et si j’étais moi-même président, je ne chercherais pas du tout à justifier les grâces. Expliquer une décision individuelle et personnelle est toujours problématique et risqué, et l’explication n’est jamais complète. »

L’affaire relance donc aussi la polémique sur la grâce présidentielle en général. Selon le site Aktuálně.cz., le Parti social-démocrate pourrait aller jusqu’à demander la démission du président.