Un train pas comme les autres pour lutter contre la toxicomanie

Otto Jelinek (Photo : CTK)
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30 millions de couronnes, c'est le coût d'un projet original de lutte et de prévention contre la toxicomanie : un train sillonnera la République tchèque à partir de l'année prochaine, présentant des expositions dont le réalisme et la mise en scène évocateurs doivent frapper fort les esprits.

L'adolescence rime souvent avec le rejet de tout ce qui vient du monde adulte, et les conseils, en particulier, apparaissent souvent plus comme une leçon de morale que comme quelque chose qui vaut la peine d'être écouté. Comment alors faire passer des messages qui aillent dans le sens d'une prévention contre la drogue sans pour autant se heurter à un mur d'indifférence ou à un rejet « par principe » ?

Revolution Train - le train de la révolution en français - entend changer l'angle d'attaque de la prévention. Pavel Tuma, de la fondation Cesky vlak, a présenté le projet ce lundi :

« Il s'agit d'un train composé de huit wagons qui va circuler à travers l'ensemble de la République tchèque. On prévoit qu'environ 900 000 enfants viendront le visiter sur une période de deux ans. Ce qui est révolutionnaire, c'est que nous essayons d'agir sur tous les sens de l'être humain. C'est à dire que nous tentons d'influencer le visiteur, non seulement à l'aide de la vue, de l'ouïe et du toucher, mais aussi par l'odorat et le goût. »

Les dessins présentés montrent à quoi ressembleront les wagons de ce train inhabituel : des murs qui s'effritent, une baignoire vide, des débris et des ordures sur le sol, un landau dans un coin, des seringues qui trainent, autant de visions qui doivent sensibiliser de manière directe les jeunes visiteurs. Odeurs, bruits et températures différentes doivent les plonger encore plus dans un monde de destruction et d'hallucinations. Des projections ou bien encore des concerts feront partie du programme éducatif.

Pourtant, certains émettent des doutes à la fois sur l'efficacité et sur le bien-fondé du projet, comme Tomas Forytek, directeur du festival de musique anti-drogue Modré Dny, Les jours bleus :

« J'ai des doutes sur les retombées du projet pour les enfants. Les organisateurs tablent sur un nombre élevé de visiteurs et sur l'intérêt que ce projet va susciter, mais d'après moi, rien ne nous le garantit. Et rien ne dit que les échos seront favorables, sans compter que les enfants peuvent très mal réagir. »

Otto Jelinek  (Photo : CTK)
Trouver des moyens de communiquer avec les jeunes, et surtout être didactique, convaincant, sans être ni répressif ni rébarbatif, c'est la ligne directrice du projet qui, avant même son lancement, fait déjà des émules, puisque l'ancien ministre canadien des finances et des sports, Otto Jelinek, a fait part de son enthousiasme et de son souhait de développer un équivalent au Canada :

« Je pense que c'est extraordinaire, car il s'agit d'un projet intéressant et unique en son genre. Cela aura un côté ludique pour les jeunes. Discuter ou faire des conférences aux jeunes en leur disant qu'ils ne faut pas qu'ils commencent à prendre de la drogue, ça ne marche pas. Par contre, avec quelque chose d'unique comme ce train, je suis sûr que les adolescents vont réagir et j'espère que les résultats seront positifs. »