Un musée Mucha bientôt à Paris aussi ?

John Mucha, photo: Centre tchèque de Paris

Après Prague, un musée consacré à Alfons Mucha sera peut-être ouvert à Paris dans un proche avenir. C’est en tous les cas ce qu’envisage la Fondation Mucha, qui gère l’héritage artistique laissé par Alfons Mucha, dont la vie et l’œuvre sont intimement liées à la capitale française. Présent au Centre tchèque à Paris la semaine dernière pour le vernissage de l’exposition « Pour la Tchécoslovaquie – Hommage à un pays inexistant » et l’accrochage du tableau « Le Baiser de la France à la Bohême », John Mucha, le petit-fils du maître de l’Art nouveau et président de la Fondation Mucha, a évoqué ce qui, aujourd’hui encore, le relie à son grand-père.

John Mucha,  photo: Centre tchèque de Paris
« Oui, Mucha est un symbole dans le monde entier. » John Mucha n’y va pas par quatre chemins lorsqu’on lui demande ce que, selon lui, représente Alfons Mucha dans l’histoire de l’art tchèque en France. Mais lorsqu’on s’amuse quelque peu de ses propos, il s’empresse de préciser le fond de sa pensée :

« Par rapport à František Kupka par exemple, qui était un artiste merveilleux, Mucha a été une des pierres fondatrices de l’Art nouveau. D’ailleurs, les Français, avant même de parler d’Art nouveau, appelaient ce style le ‘style Mucha’ (dit avec la prononciation française, ndlr). Quant à notre fondation, que cela plaise ou non, elle est une des cartes de visite de la culture tchèque. Nous nous efforçons de faire ce qui est en nos moyens non seulement pour rendre accessibles les œuvres de Mucha au public, mais aussi pour concourir à la bonne renommée de la République tchèque dans le monde. »

Pour autant, John Mucha estime que la République tchèque, ne serait-ce que son administration, n’est pas toujours suffisamment reconnaissante du travail réalisé par la Fondation :

« Quand je pense à mon pauvre grand-père et à son Epopée slave, une œuvre absurdement fondamentale pour lui et qu’il a tenu à offrir au peuple tchèque, je me dis que je suis peut-être naïf par rapport à l’intérêt que portent les Tchèques à ce don. Je ne parle pas là du peuple tchèque, qui lui est sans doute reconnaissant, mais de la bureaucratie et de tous les soucis et différents qui ont accompagné ses droits de propriété et l’exposition de l’œuvre. C’est pourquoi j’affirme que la naïveté est le trait de caractère qui me rattache le plus à mon grand-père. Car je continue et continuerai de me battre pour cette Epopée. »

Epopée slave | Photo: Štěpánka Budková,  Radio Prague Int.
Et qui sait, cette Epopée slave, œuvre monumentale retraçant à travers vingt toiles les grands moments de l’histoire des peuples slaves, sera peut-être un jour exposée à Paris. Commissaire de l’exposition « Pour la Tchécoslovaquie – Hommage à un pays inexistant », Pavel Chalupa explique pourquoi :

« John Mucha a présenté son idée de créer un musée Mucha à Paris. C’est là une idée presque révolutionnaire dans le sens où il n’a jamais rien existé de tchèque à Paris : ni galerie, ni musée. Jamais le moindre galeriste tchèque n’est venu s’y installer. Cette idée d’un musée Mucha qui ouvrirait dans les années à venir représenterait donc une opportunité pour l’art tchèque de renouer avec une tradition lancée justement par Alfons Mucha à la fin du XIXe siècle et qui s’est poursuivie avec beaucoup d’autres artistes tchèques durant le XXe siècle. Seulement, on se retrouve aujourd’hui devant un champ un peu vide. Avec la Fondation Mucha et d’autres partenaires comme le Centre tchèque, qui est très actif, nous espérons donc aboutir à un résultat qui laissera une trace tchèque remarquable à Paris. »

Et John, président de la Fondation Mucha fondée en 1992 à la mort du fils de l’artiste, Jiří, confirme qu’il s’agirait alors effectivement de quelque chose de remarquable:

Alfons Mucha,  'Jaroslava',  1920
« Notre collection est la plus grande qui existe. On entend parfois dire que l’ancien tennisman Ivan Lendl possède la collection d’œuvres lithographiques de Mucha la plus importante au monde, mais ce n’est pas vrai. Je peux vous assurer que c’est la nôtre. Elle compte plus de 3 000 œuvres. Vous savez, ma grand-mère était une Tchèque de pure souche, mais moi, je suis à moitié écossais par ma mère, et je me demande si ma grand-mère Mucha n’avait quand même pas un peu de sang écossais qui coulait dans les veines, car elle n’a jamais rien jeté du travail de mon grand-père. Cette collection représente donc l’ensemble de son œuvre et c’est quelque chose d’unique au monde. »

En attendant l’éventuelle ouverture de cette galerie parisienne, l’exposition du « Baiser de la France à la Bohême » reste ouverte au Centre tchèqu jusqu’au 30 septembre (cf. :http://www.radio.cz/fr/rubrique/faits/le-baiser-de-la-france-a-la-boheme-de-mucha-expose-pour-la-premiere-fois-a-paris ).