Un monument à Prague rend hommage aux héros de l’opération Anthropoïde

Photo: CTK

67 ans après l’assassinat du Reichsprotektor Reinhard Heydrich, un monument officiel en hommage aux parachutistes tchécoslovaques Jan Kubiš et Jozef Gabčík a été dévoilé dans le virage de Kobylisy, dans le 8e arrondissement de Prague, où a eu lieu l’attaque contre la voiture du troisième officier de la hiérarchie nazie surnommé « le bourreau de Prague. »

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Près de 400 personnes étaient réunies pour l’inauguration solennelle du monument qui a commencé symboliquement au même moment que le jour ‘J’ 67 ans auparavant : à 10H 35. En 1942, c’était le moment où la Mercedes de Heydrich est apparu au coin du virage serré. Jozef Gabčík a ouvert le feu mais sa mitraillette s’est enraillée. Jan Kubiš caché jusqu’alors dans son abri a sauvé la situation en lançant une grenade sur le véhicule du protecteur.

Depuis ce mercredi, l’endroit est marqué par un monument haut de dix mètres qui porte à son sommet 3 figurines d’hommes symbolisant la résistance contre le nazisme. Le président du Sénat Přemysl Sobotka qui a dévoilé le monument, a rappelé la mort héroïque des parachutistes, ainsi que la terrible répression provoquée par l’assassinat du protecteur. Marta Halíková qui fréquentait en 1942 l’école primaire Na Korábě, est l’un des rares témoins qui ont vécu ces événements :

« Notre école se trouvait tout près du lieu de l’attentat. Nous avons entendu un bruit terrible provoqué par des tirs. J’étais enfant, nous avons regardé dans cette direction pour voir ce qui s’était passé. »

Vu les représailles déclenchées par les nazis, le prix de l’attentat est considéré par certains comme beaucoup trop cher :

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« C’était une affaire des milieux militaires, effectuée sur ordre du président Beneš exilé à Londres. Ils avaient un devoir, une obligation de le faire. Et ce qui a suivi, c’était le résultat de cet acte, mais aussi de toute cette période de guerre. Ce n’est pas à moi de le juger, mais la situation était horrible déjà avant l’attentat, des intellectuels tchèques ont été durement frappés, emprisonnés, nombre d’entre eux exécutés. »

L’historien Tomáš Jakl de l’Institut d’histoire militaire refuse que la terreur nazie déclanchée à l’égard de la population soit mise sur le compte de l’attentat contre Heydrich :

« Les exécutions avaient lieu déjà avant l’attentat. Car c’était Heydrich qui a initié les assassinats des résistants tchèques détenus. L’attaque des parachutistes a été légitime. Ce que les nazis avaient déclenché, c’était tragique, mais sans tout cela, les accords de Munich ne seraient pas annulés et les Tchèques n’auraient pas eu la certitude que leur Etat serait renouvelé après la fin de la guerre. »

Le monument qui rend hommage aux parachutistes symbolisés par des figurines de soldats en uniformes britanniques est le plus grand réalisé dans le pays après 1989.