Un guide alternatif sur Marseille et la Provence écrit par une blogueuse tchèque

Magdalena Rejžková, photo: Magdalena Hrozínková

Depuis qu’elle s’est installée à Marseille, la journaliste tchèque Magdalena Rejžková tient un blog sur sa vie et ses découvertes de la cité phocéenne, intitulé Bujabéza. Il y a un an, son blog a donné lieu à un guide alternatif sur Marseille et la Provence que Magdalena a publié grâce à une campagne de financement participatif. Intitulé Chtěj Marsej (Vouloir Marseille), le livre vient d’être publié aux éditions Garamond, en version revue et élargie. Il a été présenté à l’Institut français de Prague par l’actrice Chantal Poullain, elle-même originaire de Marseille.

Magdalena Rejžková,  photo: Magdalena Hrozínková
Chantal Poullain : « Je suis profondément heureuse d’être la marraine de ce livre. Je pense qu’il va faire sourire et même rire. Il montre un côté de ma ville plus sympathique. Souvent j’entends dire ‘j’ai peur de Marseille’ mais les gens ne doivent justement pas avoir peur. Ce livre ouvre des portes avec humour sur certaines choses. »

Magdalena Rejžková, bonjour. En quoi cette nouvelle édition du livre Chtěj Marsej est-elle différente par rapport à la première version, basée sur votre blog ?

« La première édition était plutôt pour des copains, et des copains de copains. En revanche, avec la deuxième, publiée aux éditions Garamond, nous avons la chance de pouvoir nous adresser à un public plus large. Nous avons fait quelques corrections, j’ai réécrit certains passages et un peu changé le langage puisque dans la première édition, il était assez populaire avec un style un peu praguois. Nous avons aussi ajouté quelques chapitres. Par rapport à la première édition, il y a notamment un chapitre sur le festival de Cannes, un sur le festival d’Avignon et un sur le carnaval indépendant de Marseille, qui est vraiment particulier. Il y a un chapitre qui, je pense, est assez intéressant pour les Tchèques et pour les Français puisqu’il parle des bisous, de comment ça se passe quand les Tchèques arrivent en France et que les Français leur font la bise. »

Ils sont étonnés…

« Oui, ils ne veulent pas. J’ai des copains tchèques qui sont venus me voir à Marseille et nous avons fait un gros scandale parce qu’on n’a pas fait de bisous dans une fête où il y avait une trentaine de personnes. Nous ne savions pas qu’il fallait faire la bise à tout le monde ! »

'Vouloir Marseille',  photo: Garamond
Le livre est écrit en tchèque, mais est-ce que vous avez un retour de la part de vos amis français ? Est-ce qu’ils sont intéressés par votre regard sur leur pays et sur Marseille ?

« Oui tout à fait. Je suis en train de réfléchir à la possibilité de traduire le livre en français parce que j’ai beaucoup d’amis à Marseille, non seulement français mais aussi italiens ou espagnols, qui sont intéressés par ce guide. Même les Français ne connaissent pas forcément toutes les petites initiatives qui existent à Marseille. »

Vous parlez justement dans votre livre et sur votre blog des initiatives et des actions citoyennes qui sont nombreuses à Marseille…

« Oui et il y en a certaines qui sont devenues très connues. C’est le cas d’Edmund, qui ramassait les déchets avec l’initiative Un déchet par jour. Il a fait le tour de France en stop et il est devenu vraiment très connu. Mais il y a aussi d’autres initiatives plus petites, comme celle de la femme qui habite au Panier et qui essaie de végétaliser le quartier. Peu de gens savent que c’est elle qui a lancé cette initiative. »

Pourriez-vous nous raconter une anecdote de votre vie marseillaise et qui figure, ou pas, dans votre livre ?

« En général, les anecdotes qui plaisent beaucoup aux gens concernent le chapitre qui parle de mon travail au musée Mucem, qui est le musée des civilisations européennes et de le Méditerranée. Je raconte des histoires vécues au Mucem en tant qu’agente d’accueil et réceptionniste. Je peux mentionner une anecdote qui est assez récente et qui ne figure pas dans le livre. Le Mucem est un bâtiment moderne auquel s’ajoute l’ancien fort Saint-Jean, qui a été rénové. Au printemps, les ‘gabians’ (les goélands, ndlr) font leur nid sur le fort et quand ils ont leurs petits ils deviennent assez agressifs. Ce n’est pas une anecdote très drôle mais, une fois, ils ont commencé à attaquer les visiteurs du musée. Il y avait des gens qui saignaient parce que les ‘gabians’ sont vraiment très violents. C’est bizarre de se dire que quand on est visiteur d’un musée, on ne sait pas ce qu’il peut nous arriver. »