Un chien tchèque assistera les policiers congolais dans leur lutte contre la contrebande d’ivoire

Photo: Zoo Liberec

Cela fait trois ans qu’Arthur Sniegon est parti en Afrique. Au Congo, ce jeune étudiant tchèque en écologie a lancé un projet de protection des éléphants, animal victime des contrebandiers d’ivoire. Depuis l’année dernière, Arthur Sniegon collabore avec une femme maître-chien qui entraîne des chiens et leurs maîtres à Brazzaville. Et pour son deuxième voyage en cours de préparation, Hana Böhme emmènera avec elle la femelle d’un berger belge malinois élevée en République tchèque pour renforcer les effectifs des éco-gendarmes locaux.

Photo: Zoo Liberec
Selon les statistiques, plus de 35 000 éléphants sont tués chaque année, soit une petite centaine quotidiennement. Sur le marché noir, les clients sont prêts à payer plus de 1 800 euros pour un kilo d’ivoire. Dans le cadre de ce commerce illicite, la République tchèque est, elle aussi, un des pays de transit des contrebandiers de défenses d’éléphants et de cornes de rhinocéros. Si le pays s’efforce de détecter ces contrebandes sur son territoire, les moyens de contrôle efficaces manquent sur place, là où ces animaux vivent dans leur environnement naturel, comme par exemple au Congo. C’est pourquoi deux bergers belges d’Israël ont été mis à disposition récemment des gendarmes congolais pour les aider à détecter la contrebande. Maître-chien professionnelle depuis dix ans, Hana Böhme a d’abord réalisé un premier voyage à Brazzaville pour conseiller les policiers dans l’entraînement de ces deux chiens, un voyage dont elle résume l’expérience :

Hana Böhme à Congo,  photo: Zoo Liberec
« J’ai rencontré de très bonnes personnes qui ne sont pas insidieuses et aiment les chiens. J’ai vu comment vivent les autochtones, à la ville et dans les villages. Je n’ai pas logé dans des hôtels et j’ai appris, entre autres choses, que je ne pouvais pas vivre sans électricité. En tous les cas, les gens sont supers, et c’était tout simplement très beau là-bas. »

Cette expérience sur place, ajoutée au fait qu’elle puisse faire confiance aux gendarmes devenus maîtres-chiens, a convaincu Hana Böhme d’envoyer au Congo sa propre chienne, un malinois, une des variétés du berger belge, et ce donc afin d’aider à la recherche de l’ivoire, des cornes et de la viande d’animaux. Pour cela, la chienne Cama a été entraînée au détectage des odeurs des animaux et de leurs cornes. Un entraînement pour lequel il a néanmoins fallu trouver des exemplaires en République tchèque. Un point sur lequel Hana Böhme précise que la coopération des jardins zoologiques de Liberec et de Prague a été très précieuse :

Photo: Zoo Liberec
« L’ivoire est extrêmement surveillée. Pour pouvoir me procurer des petits morceaux, j’ai dû signer un contrat spécial. Avant mon départ au Congo, je vais devoir rendre cet ivoire, je ne veux pas garder quoi que ce soit. Sinon, j’ai aussi reçu des conserves contenant de la viande de chimpanzé, d’autres singes, des perroquets et des serpents, et le zoo de Prague m’a donné des poils de gorille. »

Après deux mois d’entraînement, la chienne Cama a déjà appris à détecter l’odeur des pangolins, et le travail continue : elle pourra discerner jusqu’à dix-neuf odeurs différentes. Cette capacité fait partie des caractéristiques qui font de Cama la candidate parfaite à l’assistance dans des conditions parfois difficiles. Hana Böhme complète que le malinois est une race de chiens rarement malades, très vifs et qui adorent travailler. Avant le départ, ce sont donc surtout les conditions climatiques qui préoccupent la maître-chien, qui prévoit une période d’acclimatation sur place :

Hana Böhme et Cama,  photo: ČTK
« Pendant la première semaine, nous allons seulement nous promener tranquillement. Dès que nous aurons l’autorisation d’entrer partout dans l’aéroport, nous nous familiariserons avec les lieux. A l’issue de cette semaine, nous commencerons l’entrainement. J’ai insisté pour avoir un maître-chien concret pour travailler avec Cama, car je l’ai vu et je sais qu’il est très doué. Il faudra tout de même qu’il apprenne quelques notions de tchèque. Les deux autres chiens reçoivent des ordres en hébreu parce qu’ils étaient entraînés en Israël, mais les gendarmes ont dit qu’ils allaient apprendre quelques mots de tchèque pour Cama. »

Hana Böhme fait preuve d’un instinct presque maternel vis-à-vis de la chienne. Elle assure qu’elle viendra la voir au cours des premiers mois et qu’elle est prête à la ramener en République tchèque si la coopération ne se passe pas bien. Dans le cas contraire, comme les différentes parties l’espèrent, Cama sera le premier chien tchèque à Brazzaville qui assiste les gendarmes congolais dans leur lutte contre les contrebandiers.