Un « boss » de la Cosa Nostra arrêté en Bohême du Nord

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Luigi Putrone, un membre haut placé de la mafia sicilienne, a été arrêté, jeudi dernier, par la police tchèque. Impliqué dans au moins neuf meurtres et condamné à perpétuité par contumace dans son pays à la fin des années 1990, ce Palermitain chef d'une grande famille de la Cosa Nostra vivait caché depuis six ans à Usti nad Labem, en Bohême du Nord. Une histoire rocambolesque qui a fait les délices des médias tchèques.

Classé parmi les trente criminels les plus dangereux de la Botte par les carabiniers italiens, Luigi Putrone, qui avait pris le faux nom d'Umberto Bonfiglio - « bon fils » en français - vivait officiellement depuis 1999 de l'importation en République tchèque de parfums de son pays d'origine. Il était même inscrit au Registre du commerce comme associé de la société René&Umberto. A l'heure actuelle, la police, qui a placé le mafioso en détention provisoire, mène encore son enquête afin de déterminer l'identité de ses complices. La piste la plus probable semble toutefois mener à René Slepcik, bien connu du milieu local et dont le frère Elemir a été condamné, en janvier dernier, à douze ans de prison pour trafic de cocaïne.

En attendant des éléments plus précis, tous ceux qui fréquentaient Luigi Putrone s'avouent surpris par les révélations faites à son sujet par les médias, assurant qu'il s'agissait d'un homme calme, gentil, discret et parlant couramment le tchèque. « Nous avons fait connaissance il y a six ans dans une boîte de nuit, confirme ainsi sa petite amie Nikol Horvatova. Depuis, il s'est toujours très bien comporté avec moi. Je ne sais rien du tout de ce que l'on raconte sur lui. Il ne parlait jamais du passé et je n'ai jamais été en Italie avec lui. » Un témoignage semblable à celui d'autres proches dont la police a affirmé ne pas douter de la véracité.

Luigi Putrone a été appréhendé dans une boulangerie-pâtisserie d'un quartier d'Usti nad Labem. Selon les témoins, l'opération s'est passée dans le calme. « Il était tellement surpris qu'on lui passe les menottes qu'il s'est comporté comme une brebis », a-t-on précisé à la Brigade de répression du crime organisé. Pourtant, le passé de Luigi Putrone n'a rien de celui du doux animal. En 1998, alors qu'il était en fuite depuis déjà douze ans, le ministère italien de l'Intérieur avait lancé un mandat d'arrêt international à son encontre. Il faisait partie de la Cosa Nostra, une des cinq organisations basées en Italie répondant à l'appellation de « mafia », dont les hommes avaient été à l'origine, en 1992, de l'assassinat du célèbre juge Giovanni Falcone. Son clan se consacrait notamment au chantage, au trafic de drogue et d'armes, ainsi qu'à la manipulation d'appels d'offres publics. Surtout, Luigi Putrone avait choqué l'opinion publique italienne avec le meurtre de l'enfant d'un informateur collaborant avec la police. Après avoir emprisonné le petit garçon, il l'avait tué avant de dissoudre son corps dans de l'acide...

C'est à la fin du mois de juin dernier que la police tchèque avait été informée par ses collègues italiens de la présence en Bohême de Luigi Putrone. Lors de son interrogatoire, ce dernier a fourni un minimum d'informations, prouvant qu'il n'avait pas oublié ce qu'est l'omerta. Depuis, la justice tchèque s'est mise en contact avec les autorités italiennes qui disposent de quarante jours pour réclamer son extradition.