Ukraine, terrorisme, migration : la République tchèque actualise sa stratégie de sécurité

Ukraine, photo: ČTK

La violation des accords internationaux, les conflits régionaux dans le voisinage immédiat des frontières de l’Union européenne ou encore la migration de masse de pays instables : telles sont quelques-unes des principales menaces qui pèsent actuellement sur la République tchèque. Mercredi, le gouvernement a adopté la nouvelle Stratégie de sécurité, une version actualisée de la précédente qui remontait à 2011.

Ukraine,  photo: ČTK
L’envenimement et l’enlisement du conflit en Ukraine, les relations tendues avec la Russie, le terrorisme international, la migration de populations dont les pays sont en proie à des conflits ou encore les attaques cybernétiques : la version actualisée de la Stratégie de sécurité de la République tchèque tient compte de l’évolution du monde ces quatre dernières années.

Cette stratégie de sécurité nationale a pour objectif de parer aux risques susceptibles de porter atteinte à la République tchèque, et, par conséquent, de défendre sa population et son territoire. Pour cela, bien consciente que sa sécurité propre se joue aussi à l’extérieur de ses frontières, Prague entend également assurer sa contribution à la sécurité européenne et internationale en assumant ses engagements auprès de l’UE, de l’OTAN et des Nations unies dans le cadre des alliances et traités auxquels elle a souscrit.

Malgré les nombreuses critiques qui ont été adressées dans ce domaine précis à la diplomatie tchèque en 2014, notamment suite aux déclarations du président Miloš Zeman relatives à la Chine et à la Russie, le soutien de la démocratie, des libertés fondamentales et des principes de l’Etat de droit, font partie des intérêts stratégiques de la République tchèque pour le proche avenir. Et pour les défendre, le gouvernement a donc ressenti la nécessité d’actualiser la Stratégie de sécurité, comme le précise le ministre des Affaires étrangères, Lubomír Zaorálek :

Lubomír Zaorálek,  photo: ČTK
« La principale évolution est que toute une série de choses qui n’existaient pas il y a encore peu de temps de cela se sont produites. Ne serait-ce que l’année dernière, nous avons été les témoins de l’apparition de nouveaux termes comme la guerre hybride, les loups solitaires ou encore les cellules dormantes. On voit bien là que le monde des menaces s’est malheureusement développé rapidement, et il convenait de réagir. C’est pourquoi nous avons actualisé cette stratégie pour l’adapter à la nouvelle situation qui est apparue en Europe. C’est en fait la combinaison de plusieurs menaces. »

Dans cette version actualisée, le document décrit notamment le risque grandissant du terrorisme, une menace estimée plus importante aujourd’hui qu’en 2011, date à laquelle remontait l’ancienne stratégie. Toutefois, il n’est pas mentionné dans le détail comment réagir concrètement à cette menace en cas de besoin. Lubomír Zaorálek explique pourquoi seules des formulations très générales figurent dans ce texte :

« Pour ce qui est concrètement du terrorisme, les menaces sont très nombreuses et diverses. Par exemple, si l’on prend la situation au Nigéria et l’attaque contre la rédaction de Charlie Hebdo à Paris, on se rend compte que le terrorisme a de multiples aspects auxquels il n’est pas possible de réagir dans le détail dans un document comme cette stratégie. En même temps, cette conception comprend les éléments de base de réaction, comme par exemple travailler en commun avec les autres pays, recourir aux services de renseignements et couper les sources de financement du terrorisme. Tout cela figure bien dans le document. »

Photo: Commission européenne
Actualisé et d’actualité, la Stratégie de sécurité ne mentionne pas explicitement la situation en Ukraine, dont l’évolution du conflit pourrait avoir des retombées sur la République tchèque et l’ensemble de la région. Pour autant, en faisant des conflits régionaux dans les proches environs de l’Union européenne une de ses principales préoccupations, c’est bien à la guerre ukraino-russe que le document fait référence. Et sur ce point, la position du ministère des Affaires étrangères est très claire : pas plus que la France et d’autres nations occidentales, la République tchèque n’est pas favorable à l’idée de livrer des armes à l’Ukraine, comme le souhaite Kiev. Lubomír Zaorálek :

« Dans cette doctrine, nous affirmons notre préférence pour une résolution diplomatique des conflits. Le recours à la force doit être l’ultime solution. Dans le cas de l’Ukraine, lui fournir des armes contribuerait à une escalade de la violence et envenimerait encore un peu plus les relations avec la Russie. Ce serait jouer avec le feu et c’est une idée dangereuse. »

A noter également que dans sa Stratégie de sécurité, la République tchèque s’engage à porter d’ici à 2020 à 1,4% de son PIB le montant du budget qu’elle consacrera à la défense, contre 1,08% en 2013.