Traité de Lisbonne : la ratification dépend désormais d’abord des sénateurs ODS

Martin Bursík et Mirek Topolánek, photo: CTK

« C’est un signal important de l’engagement du Parlement à l’égard de l’Europe dans une période où la présidence tchèque fait preuve de sa détermination et de ses capacités à la tête de l’Union européenne » : c’est en ces termes qu’a réagi le président de la Commission européenne, José Barroso, satisfait et soulagé de l’issue favorable du vote des députés sur le Traité de Lisbonne. Mais à Prague, les avis demeurent partagés et confirment que le processus de ratification reste semé d’embûches.

Martin Bursík et Mirek Topolánek,  photo: CTK
Deux des trois partis de la coalition gouvernementale, les chrétiens-démocrates et les Verts, sont favorables à la ratification, tout comme un des deux partis de l’opposition, les sociaux-démocrates. Dans le camp opposé se trouvent les communistes. Et entre les deux, le Parti civique démocrate (ODS), principale formation de la coalition gouvernementale, dont les rangs sont divisés entre les réalistes représentés par le Premier ministre Mirek Topolánek, qui considère le Traité de Lisbonne comme un pis-aller, et les eurosceptiques, proches de la position du président de la République Václav Klaus. Mercredi, certains députés ODS ont voté pour et d’autres contre. Il y a toutefois eu suffisamment de « oui » en faveur du Traité de Lisbonne pour franchir une première étape et éviter un fiasco qui aurait fait beaucoup de bruit en Europe. Un résultat dont se réjouissait le leader des Verts et vice-Premier ministre Martin Bursik :

« Avec cette décision, la République tchèque devient enfin véritablement un pays européen. Cela signifie que nous sommes disposés à participer à l’évolution de l’UE, à la réforme de ses institutions, ainsi qu’à un nouvel élargissement de ce qui est la communauté de nations la plus fructueuse de toute l’histoire de cette planète. Vraiment, c’est pour moi une bonne décision. Je pense que les sénateurs ont suivi le vote d’aujourd’hui et qu’ils sauront en tirer les conséquences au moment de voter à leur tour au Sénat. »

Jiří Paroubek,  photo: CTK
Le leader des sociaux-démocrates et du principal parti de l’opposition, Jiří Paroubek, était d'un avis sensiblement identique :

« Sans la social-démocratie, le traité n’aurait pas été approuvé par la Chambre des députés. Je suis satisfait qu’il en soit ainsi. Je pense que c’est une décision qui ouvre la voie à l’approfondissement de l’intégration européenne et je suis convaincu que le Sénat choisira la même voie sans obstructions inutiles. »

Jiří Dolejš
De son côté, plus peut-être encore que le résultat du vote, Jiří Dolejš, vice-Premier secrétaire d’un Parti communiste dont les députés ont voté à l’unisson contre le Traité de Lisbonne, regrettait le manque d’unité à l’intérieur de l’ODS :

« Je pense que nous sommes les témoins de la naissance d’un nouveau parti au sein du club du Parti civique démocrate. De notre côté, nous ne sommes pas pressés. Que les discussions se poursuivent, cela ne nous gêne pas. Ce qui nous gêne, c’est que tant au sein du gouvernement qu’à l’intérieur de certains partis, il n’y ait pas encore de position clairement définie. »

Le sort de la ratification du Traité de Lisbonne en République tchèque à l’échelle parlementaire repose désormais entre les mains des sénateurs ODS, majoritaires à la chambre haute et qui avaient renvoyé l’année dernière certains passages du document à l’examen de la Cour constitutionnelle. D’ici à ce qu’ils soient appelés à voter, le débat risque d’être encore très long et animé dans leurs rangs.