Toujours plus au sud pour l’équipage tchéco-polonais du Selma

Photo : ČTK

Ce n’est pas un fameux trois-mâts et pourtant le voilier Selma, avec à son bord un équipage tchéco-polonais, pourrait bien entrer dans les annales de la navigation dans les mers glacées de l’hémisphère sud. En fin de semaine dernière, grâce à des conditions climatiques favorables, l’embarcation a atteint une position record au sud de la mer de Ross, au large de l’Antarctique.

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« Si nous réussissons à atteindre une latitude plus au sud que le 78e parallèle au niveau de la baie des Baleines dans la mer de Ross, alors nous serons très contents. »

Dušan Jamný, le membre tchèque de l’équipage, doit donc être très content, puisque, jeudi 12 février, le Selma a franchi le 78e parallèle et a approché l’île de Roosevelt, un bout de terre recouvert de glace dans la mer de Ross, l’une des plus froides au monde. Son collègue du Fonds tchèque antarctique, Jaroslav Žák, a partagé sa joie depuis Prague, dans des conditions sans doute plus agréables :

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« Il s’agit du record du monde tous types d’embarcation confondus avec pour conséquence de participer au prestige de la Pologne et de la République tchèque à l’étranger. C’est évidemment aussi une bonne publicité pour le Fonds tchèque antarctique. »

Partis du port australien de Brisbane à la mi-décembre, les matelots tchéco-polonais, au nombre de dix, ont mis deux mois pour rejoindre la baie des Baleines, un littoral de glace situé au nord de l’île Roosevelt. Malgré l’été austral, ils ont dû faire face à un cadre météorologique très rigoureux, ainsi que le raconte Jaroslav Žák :

Photo : La société Selma expeditions
« Ce sont des conditions extrêmes. Il y a du brouillard et de la neige. L’équipage doit rester concentrer et analyser les relevés satellites. Il y a un système de veille à trois membres. L’un s’occupe de la barre, le second est responsable de surveiller les obstacles en mer et le dernier est prêt à réagir à toute urgence. »

Après un mois de trajet, les premières difficultés se sont fait rudement sentir pour ce petit voilier long de 20 mètres construit au début des années 1980 en Bretagne :

« Dans le carnet de bord du Selma, au 15 janvier, sont rapportées les premières tempêtes dans la mer de Tasman avec une vague latérale qui s’est abattue sur le cockpit. Il a fallu nettoyer car des aliments ont volé des étagères et du lait s’est renversé là où sont entreposés les vivres. »

Photo : La société Selma expeditions
Organisé par la société Selma expeditions, ce type de traversées, qui sent bon l’aventure et les boîtes de conserve, propose avant tout une expérience touristique et sportive.

Pour ce qui concerne l’aspect scientifique, les Tchèques sont cependant également sur le pont avec la station Johann Gregor Mendel, laquelle est localisée sur l’île James Ross, dans la mer du même nom. Dans le cadre de l’Université de Brno, une équipe de chercheurs y conduit depuis début 2015 une mission de trois mois pour y étudier la diversité génétique des manchots et les manifestations locales du réchauffement climatique.

La station Johann Gregor Mendel,  photo : Archives de l’Université de Brno
Dušan Jamný, le fameux membre tchèque de l’expédition du Selma, qui rêvait dans son enfance de devenir marin, collabore à sa manière au programme scientifique de son pays. Il est en effet à la tête d’une entreprise qui, depuis maintenant dix ans, assure l’approvisionnement en vivres et en matériels de la station Johann Gregor Mendel.