Tensions entre la population locale et la minorité rom en Bohême du Nord

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Les conflits entre la minorité rom et la population majoritaire en Bohême du Nord attirent depuis quelques temps déjà l’attention des medias sur cette région. Des associations locales préparent pour ce vendredi des manifestations pour protester contre le manque de sécurité dans plusieurs communes.

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Deux incidents ont déclenché, au cours du mois d’août, une vague de protestations de la population locale. Tout d’abord un groupe de Roms a attaqué avec des machettes les clients d’une salle de jeu de la ville de Nový Bor et quinze jours après un autre groupe de jeunes Roms a agressé plusieurs personnes dans la ville de Rumburk. Cela a provoqué la tension, la peur et la colère dans la région et les gens ont commencé à se mobiliser. Les municipalités et la police se sont vues accusées de passivité et des associations locales se sont mises à organiser des protestations publiques. Face à cette situation, le directeur de la police Petr Lessy a décidé d’envoyer dans la région 60 policiers d’une unité spéciale pour renforcer les effectifs de la police régionale. Bien que ces renforts soient assez bien perçus par les habitants, ils sont loin de calmer les esprits. Le maire de la ville de Rumburk, Jaroslav Sykáček, désire mettre fin à cette série de conflits :

Jaroslav Sykáček
« Je ne veux pas que les gens se battent dans les rues et sur les places publiques, qu’ils brûlent es voitures et brisent les vitrines. En tout cas nous devons être prêts parce qu’une manifestation sera certainement organisée. J’ai demandé une fois de plus aux délégués de la direction de la police s’ils étaient préparés à ça et on m’a de nouveau assuré que oui. »

Les manifestations préparées dans les villes de Rumburk et de Varnsdorf pour ce vendredi ne sont pas autorisées par les municipalités et risquent donc de dégénérer en conflits entre la population et la police. Ces événements ont évidemment relancé le débat sur la coexistence entre la population majoritaire et la minorité Rom. La presse attire l’attention dans ce contexte sur la migration des Roms qui arrivent dans la région de Šluknov après avoir quitté les grandes villes de Bohême du Nord. Le directeur de l’Agence pour la réinsertion sociale Martin Šimáček estime cependant que le problème est plus complexe. Il admet que depuis 2010, le nombre de migrants dans la région augmente notamment dans les villes de Šluknov et de Rumburk et mais il souligne qu’il s’agit avant tout de la migration intérieure :

Martin Šimáček
« Cela veut dire que les gens migrent dans le cadre de la région et ne viennent pas beaucoup de l’extérieur comme on l’apprend dans les médias. Il n’y a pas donc des centaines ou des milliers de personnes venues de grandes villes de Bohême du Nord mais de l’intérieur de la région. Force est de constater aussi que bien que le taux de criminalité dans la région ait augmenté, il s’agit surtout des vols mais le nombre d’agressions et d’actes de violence a diminué. »

Selon Martin Šimáček, grâce aux activités de son agence la situation des exclus sociaux dans certaines villes de la région de Šluknov s’est bien améliorée. Cet avis n’est pas partagé cependant par le maire de la ville de Rumburk Jaroslav Sykáček. Il estime qu’une partie des moyens par lesquels sont financés les agences sociales pourrait être utilisée par les communes pour la création de nouveaux emplois :

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« Je pense que le problème fondamental est que les gens n’ont pas de travail, qu’ils s’habituent au chômage et il est bien difficile de leur faire reprendre leur habitude de travailler. Je pense que c’est le problème tout à fait essentiel. Je pense que cela peut être réalisé par les communes et non pas par l’Agence pour la réinsertion des Roms. »

L’Agence pour la réinsertion sociale travaille dans la région de Šluknov depuis 2008 et ses activités devraient prendre fin cette année. Vu la situation actuelle, son action vient d’être prolongée et se poursuivra au moins jusqu’à la fin de l’année prochaine.