Spécial Libération

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A l'occasion de la Fête de la Libération, Alain Slivinsky et Guillaume Narguet ont le plaisir de vous présenter une émission intitulée "Spécial Libération". Au programme les chants de la Deuxième Guerre mondiale et de la Libération.

A : Dis-moi, Guillaume, est-ce que cette chanson te dit quelque chose ?

G : Disons, tout au plus, que je l'ai entendue chanter, lors des fêtes...

A : C'est vrai, moi aussi je l'ai entendue chanter par ma mère très souvent. Pour nous, qui n'avons pas connu les horreurs de la Deuxième Guerre mondiale, c'est une chanson populaire comme les autres. Pourtant, pour ceux qui étaient déjà nés, il y a 58 ans, qui ont vécu le beau mois de mai 1945, Le temps des cerises reste le chant de la Libération, la chanson qu'on a chanté pendant la guerre, mais aussi à sa fin tant entendue. Tu en connais l'histoire ?

G : Je dois dire que comme tu m'en avais parler avant de réaliser cette émission, j'ai un peu feuilleté le web, et j'ai trouvé pas mal d'informations intéressantes. Elle est bien ancienne et a été composée en 1867 par Jean-Batiste Clément, sur une musique de A. Renard. Cette chanson d'amour s'adresse à une jeune femme, à l'époque où les travailleurs parisiens combattaient pour défendre leur république. L'auteur la dédiera à une jeune ouvrière inconnue qui vint un jour porter un panier de ravitaillement aux défenseurs de la barricade ou il se trouvait. De nos jours, cette chanson reste un symbole de la Commune.

A : Mais aussi de la Libération, en 1945. Beaucoup d'interprètes l'ont chantée. Pour ne citer que les plus connus : André Dassary, Tino Rossi, Yves Montand, Charles Trénet, Mouloudji...

G : Et la version la plus récente est celle de Patrick Bruel, en 2002 !

A : Hé bien ! On était en mai 1945, en France, mais que chantait-on en Tchéquie, plus exactement, en Tchécoslovaquie, à l'époque ?

G : Je vois que la régie sourit, à travers la glace qui nous sépare. Alors, laissons-lui le soin de nous le dire, ou plutôt de nous le jouer..

A : Cette chanson, cette polka, on la connait vraiment bien en Tchéquie, mais aussi dans le monde. Son auteur est Jaromir Vejvoda, né à Zbraslav, non loin de Prague, en 1902. Il la composa dans une brasserie, entre deux bocks de bière. A l'origine c'était la Polka de Modrany, un quartier de la capitale sur le chemin de Zbraslav, justement. Elle devint Dommage l'amour, mais elle est connue dans le monde sous son titre anglais Bear Barel Polka. Pas étonnant, car cet air devint si populaire, dans les années de la Deuxième Guerre mondiale, que le chef des forces alliées, le général Eisenhower déclara que la polka de Vejvoda contribua grandement à la victoire. Immortelle, meilleure chanson populaire de Radio Luxembourg, en 1981, elle est toujours très populaire en Tchéquie.

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G : Et naturellement, on la chantait lors de la Libération, en 1945 ?

A : Bien sûr, mais il convient d'ajouter que la fin de la Deuxième Guerre mondiale, sur le territoire de la Tchéquie contemporaine, se situe un peu plus tard qu'en Europe de l'Ouest. En effet, les derniers coups de feu y ont été tirés le 9 mai. Et puis, la Tchéquie d'aujourd'hui, le Protectorat de Bohême et Moravie n'a pas été libérée par une seule armée. Les Américains étaient aux portes de Prague, certes, mais des accords ayant été passés entre les alliés, Prague devait être libérée par l'Armée soviétique...

G : Ce qui fut fait le 9 mai 1945, quand se termina glorieusement l'Insurrection de Prague et quand les chars soviétiques entrèrent dans la ville. Dis-moi, les Russes avaient aussi une chanson préférée, pendant la guerre, à la Libération ?

A : Si je te dis « Katioucha », cela te rappelle quelque chose ?

G : Vaguement, c'est un système de lance-missiles russe.

A : Pas seulement, c'est aussi un chant légendaire de la Deuxième Guerre mondiale.

G : Et les soldats de l'Allemagne nazie, dans tout cela ? Qu'est-ce qu'ils chantaient ou aimaient écouter eux ?

A : Question intéressante, avec une réponse encore plus intéressante. Ils aimaient bien leurs chansons populaires. Marlène Dietrich, cela te dit quelque chose ?

G : Naturellement.

A : Parmi les chansons légendaires de la Deuxième guerre mondiale, il y a aussi Lili Marlène, une chanson interpétée par Marlène Dietrich, et bien d'autres. Elle était populaire en Allemagne, mais après que la chanteuse soit partie à l'étranger, protestant contre le régime nazi, elle devint populaire outre-mer et sur les champs de bataille européens, après le débarquement. Un peu comique, mais Lili Marlene, bien qu'elle était une chanson allemande, fut surtout chanté en anglais. C'était, peut-être déjà, un signe de la victoire, de la Libération de l'Europe du joug de l'Allemagne nazie.

G : Et moi, je vous ai découvert même une version française, bien ancienne, que voici.

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A : En fin de compte, on constate que les Américains, après le débarquement sur les plages de Normandie, le début de la Libération en fait, appréciaient plutôt des chants qui ne venaient pas de chez eux.

G : Pas tout à fait, car avec eux est arrivé le swing, les mélodies interpétées par l'orchestre de Glenn Miller, par exemple. Il est vrai, pourtant, que Rosemonde, ou Bear Barel Polka, était jouée très souvent, dans les bals de la Libération.

A : Quoi de mieux donc, de terminer ce « Spécial Libération », sur Radio Prague, par la polka de Jaromir Vejvoda ?