Slovaquie?... Qui?! Qui es-tu ?

La République tchécoslovaque apparaît pour la première fois sur la carte de l'Europe en 1918. Hormis la période 1939-1945 pendant laquelle la Slovaquie fut un Etat fasciste indépendant placé sous protection allemande, la Tchécoslovaquie sera restée jusqu'au 1er janvier 1993 une spécificité dans laquelle auront cohabité deux peuples à la fois proches et éloignés l'un de l'autre. Aujourd'hui, que reste-t-il de cette fédération? Guillaume Narguet.

En janvier, dans l'hebdomadaire Respekt, paraissait un sondage riche en enseignements sur la façon dont se perçoivent, neuf ans après la partition, Tchèques et Slovaques, mais aussi sur ce qu'ils pensent de l'évolution des relations entre les deux pays. Bien qu'une très grande majorité des deux peuples éprouve une sympathie réciproque toute particulière et que deux tiers des gens considèrent la partition de la Tchécoslovaquie comme une mauvaise solution, seul un quart souhaiterait un retour d'une fédération. Mais quelle réalité se cache derrière ces chiffres, qu'en découle-t-il ?

C'est un fait : entre la Tchéquie et la Slovaquie n'existe aucune entente économique semblable à ce qui peut, par exemple, réunir la Belgique, les Pays-Bas et le Luxembourg avec le Benelux. Certes, subsiste une Union frontalière qui s'efforce de conserver une ligne de conduite commune vis à vis des pays tiers mais, dans un cas comme dans l'autre, la part prise dans le commerce extérieur du voisin se stabilise plutôt vers le bas. De plus, si les Tchèques venaient à intégrer l'Union européenne avant les Slovaques, ils se verraient contraints par Bruxelles de surveiller plus rigoureusement leurs conditions d'accès à la frontière. Sur le plan politique, le désir commun est bien de ne pas tremper son pain dans l'assiette du voisin de table. Pour une majorité de Tchèques, une intégration commune à l'UE n'est même pas considérée comme indispensable, bien qu'ils la souhaitent.

A l'inverse, les ministres de la Culture qualifient leurs relations d'exeptionnelles. A Prague, c'est sans nul doute l'Institut slovaque, très actif, qui propose le tour d'horizon culturel le plus complet et représentatif avec une palette d'expositions, projections ou présentations régulièrement renouvelée. En mai 2000, un accord culturel a été signé entre les deux pays, selon lequel les ministères soutiennent les actions organisées dans le deuxième pays. Ce qui se traduisit par exemple récemment par une subvention du Ministère de la culture tchèque en faveur du Festival du theâtre tchèque à Bratislava.

De plus en plus d'étudiants slovaques profitent également de la possibilité que leur laisse la loi pour fréquenter les universités tchèques. Aucune différence n'est en effet faite, en Tchéquie, au niveau des droits, entre les étudiants tchèques et étrangers.

A noter, enfin, pour les institutions civiques, l'existence d'un parlement intellectuel tchéco-slovaque, au sein duquel se réunissent deux fois par an artistes et intellectuels des deux nationalités et faisant paraître un hebdomadaire au titre symbolique « Ponts tchéco-slovaques ». Quant au mensuel « Contacts slovaques » , magazine le plus important de tous ceux vendus en Tchéquie par les minorités, mais aussi magazine slovaque le plus lu à l'étranger, il bénéficie du soutien du gouvernement tchèque. Bref, une bien drôle d'idée que cette partition quand on pose sa candidature à l'entrée dans l'UE quelques années plus tard.