Sécurité routière : trois quarts des Tchèques ne savent pas conduire

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Samedi, une émission de télévision a réalisé un test de sécurité routière grandeur nature visant à renforcer la prévention des accidents de la route. Et le bilan de cet examen virtuel du code de la route s’avère plus que catastrophique...

Avec 832 morts sur les routes en 2009, la République tchèque peut certes se targuer d’avoir son bilan le plus faible depuis 1990, mais c’est un chiffre qui reste néanmoins élevé au sein de l’Union européenne.

En cause, pas seulement le mauvais état des infrastructures comme la tristement célèbre D1, la principale autoroute du pays qui relie Prague à Brno. Si l’on en croit les résultats du test national réalisé samedi à la télévision publique tchèque, trois quarts des conducteurs tchèques ne savent pas conduire. Des conducteurs à qui l’on devrait donc, en toute logique, retirer leur permis.

Cas de figure proposé : un tramway s’arrête à l’arrêt. Que doit faire la voiture ? S’arrêter à distance du tramway, le doubler prudemment par la droite ou le doubler prudemment par la gauche ? C’est évidemment la première réponse qui est la bonne... Vingt questions comme celle-ci ont été posées aux téléspectateurs et aux quelques stars du petit écran invitées pour l’occasion. Des questions similaires à celles des examens du code de la route. Des situations dans lesquelles tout conducteur peut se retrouver dans son quotidien, comme le précise Pavel Buršík, l’auteur de ce projet initié par le ministère des Transports :

« Il s’agit de situations réelles, telles qu’on peut les trouver sur la route. Pour créer ces modèles, nous avons essayé au maximum d’utiliser la technologie 3D. Donc, à côté des situations classiques de carrefour, telles qu’on les connaît dans les cours d’auto-école, on a également des situations liées au respect des distances de sécurité, au dépassement sans danger, à la conduite avec une faible visibilité. Ce sont des situations réelles dans lesquelles le conducteur doit analyser et réagir correctement en fonction de ce qui se passe autour de lui. »

Or ce test d’auto-école au niveau national indique tout simplement que les conducteurs ne connaissent pas les règles d’une conduite sans danger et ne savent pas anticiper. Sur les 14 000 personnes dont les réponses ont été prises en compte, seuls 27 téléspectateurs ont répondu parfaitement à toutes les questions soit 0,2%.

Les résultats catastrophiques de ce test, certes virtuel, mais révélateur, interviennent au moment où le ministre tchèque des Transports, Vít Bárta vient d’émettre le souhait d’instaurer un système de contraventions indexées sur le montant du revenu. Une réglementation en vigueur notamment en Suisse où les personnes plus aisées financièrement payent des contraventions plus élevées. Pour Vít Bárta, du parti Affaires Publiques, l’équation est simple :

Vít Bárta,  photo: CTK
« Il s’agit d’empêcher que des jeunes conducteurs, agressifs, mais avec une bonne situation financière, aient le sentiment que les routes tchèques sont le Far West. » Une proposition du nouveau ministre des Transports qu’il va devoir toutefois défendre au sein de la coalition gouvernementale. Or ni l’ODS, ni TOP 09, les deux autres partis du cabinet tripartite, ne sont favorables à un système qui permettrait à la police un accès direct aux données de l’administration fiscale.

En attendant, les tous derniers résultats en date pour les vacances scolaires, période traditionnellement meurtrière sur les routes, indiquent 60 décès pour le mois d’août, un bilan meilleur qu’en 2009, mais qui reste important. Leoš Tržil, chef de la police des Transports ne se fait pas d’illusion : s’il espère que la baisse des accidents mortels se confirme, il y a toutefois peu de chance que la barre des 650 morts pour 2010, que s’est fixée le ministère, ne soit pas dépassée.