Scandales et démissions : au tour du ministre de la Culture

Jiří Besser, photo: CTK

La coalition gouvernementale a perdu le septième de ses membres en l’espace d’un an. Mis en cause pour avoir « omis », selon ses termes, de mentionner un appartement en Floride dans sa déclaration de patrimoine, le ministre de la Culture, Jiří Besser, a remis sa démission jeudi matin.

Jiří Besser,  photo: CTK
En novembre dernier, Martin Kocourek avait été le dernier contraint de quitter prématurément la coalition gouvernementale. Soupçonné de corruption, comme d’autres de ses collègues avant lui, celui qui était le ministre de l’Industrie et du Commerce s’était alors embourbé dans sa défense, incapable d’expliquer d’où provenaient les 16 millions de couronnes soudainement apparus il y a quelques années sur le compte bancaire de sa mère. Très mal à l’aise devant les médias, Martin Kocourek avait même indiqué avoir voulu, selon ses propres dires, « détourner » cet argent de son épouse dont il divorçait au moment des transactions douteuses. La défense pitoyable du ministre en avait fait s’esclaffer beaucoup, certains de rire, d’autres de désespoir devant l’incongruité dont beaucoup de responsables politiques parmi les plus haut placés continuent de faire preuve, et ce, en dépit de l’accumulation des scandales.

Cette fois, c’est donc le tour du ministre de la Culture. En fin de semaine dernière a été publiée l’information selon laquelle Jiří Besser possédait des parts dans une société par l’intermédiaire de laquelle a été acheté un appartement d’une valeur de 230 000 dollars en Floride ; un bien immobilier aux Etats-Unis que le ministre n’a cependant pas mentionné dans la déclaration de patrimoine que sont tenus de remplir les politiques tchèques. En outre, Jiří Besser est accusé d’avoir eu pour associé un homme d’affaires condamné il y a un mois pour corruption. Autant d’accusations que Jiří Besser réfutait encore en début de semaine :

Jiří Besser,  photo: CTK
« Je ne me suis enrichi d’aucune manière et je ne me suis jamais servi de la société en question pour aucune de mes affaires. Ceci dit, je ne suis nullement attaché à mes fonctions de ministres et si quiconque peut prouver que ce que je dis n’est pas vrai, je suis prêt à démissionner dès que la loi relative à la restitution des biens aux Eglises aura été soumise au Parlement, c’est-à-dire avant la fin de l’année au plus tard. »

Finalement, Jiří Besser a rendu son tablier plus tôt encore. Jeudi matin, de retour d’un voyage officiel de deux jours au Vatican, il a fait savoir que, faute du soutien de son parti et du gouvernement, il avait envoyé sa démission au Premier ministre. A l’annonce de cette décision, Petr Gadzík, le leader du parti Maires et Indépendants, dont Jiří Besser est membre, a réagi en affirmant qu’il s’agissait « d’une contribution à l’amélioration de la culture politique en République tchèque »

La maison historique sur la place Venceslas
Dans les milieux culturels, nombreux sont ceux à penser que la démission du ministre est aussi une contribution à l’amélioration de l’ensemble de la vie culturelle. Durant son année et demie passée à la tête du ministère de la Culture, Jiří Besser, dentiste de formation et ancien président d’un club de hockey sur glace, a surtout fait parler de lui en donnant son aval à la démolition d’une maison historique sur la place Venceslas dans le centre de Prague, avec son projet de fusion de l’Opéra d’Etat avec le Théâtre national de Prague ou encore en ne s’opposant pas à l’augmentation du taux de TVA appliqué sur les livres.

Résumer le mandat du désormais ex-ministre de la Culture à ces quelques dossiers serait toutefois par trop réducteur et oublier, par exemple, son implication dans le projet de loi sur la restitution par l’Etat tchèque des biens ayant appartenu aux Eglises du pays, une restitution qui, jamais sans doute depuis la chute du régime communiste en 1989, n’a paru aussi proche de se concrétiser.

Le successeur de Jiří Besser au poste de ministre de la Culture devrait être nommé en début de semaine prochaine.