Renaud Cohen : « Mon genre, la comédie d’auteur, ne trouve pas facilement sa place »

'Au cas où je n'aurais pas la Palme d'Or', photo: Festival du film français

La 15e édition du Festival du film français se déroule à Prague, à Brno et à České Budějovice jusqu’au mercredi 28 novembre. Le réalisateur Renaud Cohen y a présenté son nouveau film intitulé « Au cas où je n’aurais pas la Palme d’Or ». Une comédie d’inspiration autobiographique qui raconte les difficultés de Simon, un cinéaste quadragénaire qui se croit gravement malade, à tourner, après une longue pause, son deuxième film, le film de sa vie. Renaud Cohen est au micro de Radio Prague.

Renaud Cohen,  photo: Julien Bellegueulle,  Festival du film français
« Après avoir tourné mon premier film ‘Quand on sera grands’ qui avait plutôt bien marché, mon producteur m’a fait signer un contrat pour écrire un premier scénario, puis un deuxième, puis un troisième qui ne se sont pas réalisés. »

Comme cela arrive à Simon dans votre film...

« Absolument. J’ai pris tout ce qui était impressionnant dans ma vie. (rires) Au bout du troisième scénario que mon producteur a refusé, je me suis un peu révolté. Le cinéma coûte beaucoup d’argent et quand on est cinéaste, on ne peut pas, contrairement à un écrivain, fabriquer tout seul à priori son film. Mais moi, je me suis dis : ‘Si, au bout de dix ans, je ne fais pas mon propre film, je suis mort comme cinéaste de fiction (avant, je faisais aussi des documentaires). Comme je n’avais pas envie de mourir tout de suite, j’ai commencé à entreprendre ce projets avec des amis, des bénévoles. J’y ai d’abord mis mon propre argent, nous avons tourné dans ma maison... Ensuite, alors que je ne l’avais jamais fait de ma vie, je me suis mis dans le rôle du producteur et de l’acteur. »

Comment avez vous construit cette histoire de Simon qui croit avoir un cancer... Connaissez-vous ce genre d’angoisse ?

'Au cas où je n'aurais pas la Palme d'Or',  photo: Festival du film français
« Il m’est arrivé de faire un pari mais pas dans les même conditions que dans le film, de me raser la tête et de découvrir que j’avais une bosse. J’ai eu peur pendant 48 heures. Cela c’est passé il y a quatre ou cinq ans. Quand j’ai décidé de faire ce film, j’ai essayé d’utiliser un événement que j’avais vécu pour qu’il serve de déclencheur. En réalité, je ne sais pas très bien quel a été le déclencheur de ce film. Un jour, je me suis dit : ‘Il faut tourner’. C’est devenu un impératif. J’ai utilisé cet événement dans le film pour dire qu’à un moment donné, il faut prendre son destin en main. Cela ne s’adresse pas uniquement aux cinéastes : tous les gens qui ont des passions, des choses importantes à faire peuvent les réaliser. »

Peut-on dire qu’il est de plus en plus difficile de tourner, de financer des films ?

'Au cas où je n'aurais pas la Palme d'Or',  photo: Festival du film français
« Il y a quelques jours, j’étais chez un ami scénariste. Il m’a montré un rapport selon lequel on produit, en France, 240 films par an. C’est un chiffre énorme, comparable à la situation aux Etats-Unis où on en produit 270. Il y a d’un côté le film d’auteur, dur et âpre qui obtient l’avance sur recettes, donc des aides de l’Etat. De l’autre côté, il y a des films commerciaux du type ‘Astérix et Obélix’ et qui coûtent très cher. Mon créneau, ça a toujours été la comédie d’auteur qui est, en fait, hors du système : elle ne fait pas appel aux grandes vedettes, ce n’est pas cette comédie un peu grosse et un peu grasse. Elle ne trouve pas facilement sa place. Avant, dans le système français, il y avait des films du milieu, avec un budget moyen. Or maintenant, nous assistons à une radicalisation qui oppose des films subventionnés mais très durs pour le public, et des films purement commerciaux. Mon problème, c’est que je me situe entre les deux. »

Retrouvez la suite de l’entretien de Renaud Cohen dans une de nos prochaines émissions culturelles.