Réforme des retraites : la « génération 35+ » pourra cotiser auprès des fonds privés

Longuement attendue, très contestée par l’opposition et suscitant des interrogations de la part de la population active, la réforme des retraites a été approuvée, en dernière lecture, par la Chambre des députés et devrait entrer en vigueur dès 2013. Vendredi dernier, les députés tchèques ont également adopté le projet gouvernemental de la réforme sociale qui durcit les règles pour les chômeurs.

Photo illustrative: Štěpánka Budková
Objectif de presque tous les gouvernements tchèques après 1989, la réforme des retraites, très sollicitée par les économistes, sera donc, semble-t-il, mise en œuvre par le gouvernement Nečas, dans le souci de redresser les finances publiques. C’est la génération appelée « 35+ » qui en est directement concernée : elle sera la première génération de Tchèques à pouvoir décider du mode de ses cotisations pour les pensions de retraite, et donc du montant celles-ci.

La réforme introduit un « second pilier » au système par répartition, permettant aux Tchèques de cotiser auprès de fonds privés. Les personnes âgées de plus de 35 ans (les plus jeunes le jour de leur 35e anniversaire) devront opter, avant la fin de 2012, pour une des deux possibilités : soit elles se contenteront de la pension de retraite garantie par l’Etat et qui correspondrait à environ 20-25% de leur salaire actuel brut, soit elles opteront pour le « second pilier » et donc pour une pension, espérons-le, plus élevée. En choisissant cette seconde possibilité, les Tchèques pourraient transférer une partie de l’argent du système public, plus précisément 3% des cotisations obligatoires, sur des fonds privées, à condition d’ajouter à cette somme 2% supplémentaires du revenu. Une fois fait, le choix de la première ou de la seconde possibilité deviendra irréversible.

Etat ou fonds privés ? Dans quelques mois, des millions de Tchèques seront alors placés devant ce choix crucial. Pour l’instant, les spécialistes ne semblent pas leur faciliter la tâche, n’étant pas capables, eux non plus, de prévoir à long terme la situation sur les marchés financiers.

Bohuslav Sobotka,  photo: CTK
D’après les estimations du ministre des Finances, Miroslav Kalousek, près de 50% de la population active, soit 2,5 millions de Tchèques (surtout ceux aux revenus au-dessus de la moyenne) pourraient opter pour le second pilier. Même si la réforme a de fortes chances de rentrer en vigueur, son sort reste incertain. Bohuslav Sobotka est président du Parti social-démocrate, à la tête de l’opposition :

« Les sociaux-démocrates ont voté contre les lois qui constituent cette réforme et ils s’y opposeront aussi au Sénat. Si, lors des prochaines élections législatives, nous obtenons un mandat suffisamment fort, nous modifierons cette réforme. »

Pour l’opposition, la réforme gouvernementale ne vise pas à réformer le système des pensions de retraite, mais à le privatiser. On écoute le ministre des Finances, Miroslav Kalousek :

Miroslav Kalousek,  photo: CTK
« Il ne s’agit pas d’une privatisation, mais d’une collaboration efficace des secteurs public et privé. Les moyens financiers investis par les clients dans ces fonds resteront les moyens publics. En cas de faillite des fonds privés, ces investissements ne peuvent pas être volés. C’est un mensonge que la social-démocratie continue à proférer et qui inquiète le public. »

A la Chambre des députés, l’opposition social-démocrate et communiste a également contesté les lois relatives à la réforme sociale. Cette dernière modifie, entre autres, le système d’allocations familiales et de prestations sociales attribuées aux personnes handicapées. Le changement qui soulève actuellement les réactions les plus houleuses de la part des syndicats notamment concerne les allocations de chômage : celui qui refusera un travail obligatoire d’intérêt général, proposé après une période de deux mois sans emploi, verra son allocation de chômage supprimée et ne pourra plus se présenter au bureau pour l’emploi.