Réactions tchèques à la disparition d’Alexandre Soljenitsyne

Alexander Soljenitsyne à Paris en 1994, photo: CTK

La disparition de l’écrivain russe Alexandre Soljenitsyne, décédé dans la nuit de dimanche à lundi à l’âge de 89 ans, n’a pas tardé à soulever de nombreuses réactions dans les médias tchèques. Ce sont surtout les anciens dissidents qui se rappellent l’importance de cet homme qui ne s’est laissé briser ni par le goulag ni par la maladie et qui a eu encore assez de force et de courage pour dénoncer l’arbitraire communiste.

Alexander Soljenitsyne à Paris en 1994,  photo: CTK
Tous les journaux tchèques publient des articles sur la vie et l’œuvre de l’homme qui restera une des plus grandes figures de la littérature russe du XXe siècle. Les journaux évoquent la période que le romancier du goulag a passé dans des camps soviétiques et rappellent le rôle corrosif que ses œuvres dont «Une journée d’Ivan Denissovitch», «Le premier cercle» ou «L’archipel du Goulag», ont joué dans la chute du communisme. Il est aujourd’hui évident qu’Alexandre Soljenitsyne était une des personnalités les plus importantes du processus qui allait aboutir à l’effondrement du régime soviétique. Les journaux rappellent cependant aussi que l’écrivain ne s’est pas tu, même après son émigration à l’Occident et a soumis la société occidentale à une sévère critique lui reprochant surtout sa décadence morale.

Parmi ceux qui ont évoqué le rôle d’Alexander Soljenitsyne il y a aussi la journaliste et ancienne dissidente tchèque Petruška Šustrova :

«C’était une espèce de prophète, par la stylisation de son image, par la façon de parler, mais surtout par son appel au respect des valeurs morales et éthiques. Il faut souligner que c’était non seulement un des plus grands écrivains russes du XXe siècle mais surtout un homme d’une immense importance politique et morale.»

Pour l’historien et sociologue Čestmír Císař, une des plus importantes figures du processus de libéralisation politique en Tchécoslovaquie en 1968, Alexandre Soljenitsyne restera l’homme qui lui a ouvert les yeux :

Alexander Soljenitsyne à Zürich en 1974,  photo: CTK
«Je dois dire que cette disparition me touche beaucoup car j’étais un des premiers lecteurs des Mémoires dans lesquels Soljenitsyne évoque son internement dans des camps. A l’époque, cela a eu aussi de grandes répercussions chez nous. Nous avons réalisé dans quelles conditions vivaient les personnes qui luttaient pour une vie meilleure et ont su donner un témoignage sur la terreur des années cinquante. Nous nous sommes rendus compte aussi de la signification du tournant qui s’était produit grâce aux réformes de Khrouchtchev, aussi modestes soient-elles.»

Les journaux tchèques n’oublient pas non plus la dernière période de la vie de l’écrivain depuis sont retour dans sa patrie en 1994, période pendant laquelle Alexandre Soljenitsyne se prononçait d’une façon souvent controversée sur les problèmes actuels de la société russe.