Quand la lecture est pleine de couleurs

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Rasée en 1942 par les nazis, la commune de Lidice, située à une vingtaine de kilomètres de Prague, est devenue le synonyme d’une des grandes tragédies de la Deuxième Guerre mondiale. Parfaitement rénovée et agrandie, sa vie au quotidien ne semble aujourd’hui différer en rien de celle d’autres agglomérations du pays. Sa proximité de Prague, l’existence d’une belle galerie d’exposition et le goût de l’initiative de ses responsables donnent souvent lieu à l’organisation d’intéressants événements culturels. Nous nous sommes rendus la semaine dernière à Lidice pour assister au vernissage d’une exposition de quarante illustrateurs de livres pour enfants de Wallonie-Bruxelles intitulée « Quand la lecture est pleine de couleurs ». L’illustrateur Benoît Jacques est venu pour l’occasion, ainsi que pour organiser des ateliers. Il explique.

« Je vais rencontrer à la fois des ateliers pour enfants et pour adultes. Je ne vais pas fonctionner dans les deux cas de la même manière pour les uns et les autres. En ce qui concerne les enfants, je veux leur donner l’occasion d’approcher ma vision du dessin, c’est de leur faire comprendre que tout le monde sait dessiner, que ce sont des idées reçues que d’imaginer que certains dessinent mieux que d’autres, les enfants aiment, ont plaisir à dessiner et c’est ce plaisir qu’il faut veiller à garder vivant en eux et ne pas le détruire en disant, toi tu dessines bien et toi tu dessines mal. J’ai donc envie de les décomplexer par rapport à l’approche du dessin… Moi, je suis fasciné par la tradition de l’image qui varie d’un pays à l’autre et manifestement, ici en République tchèque, il y a une vraie tradition de l’image. Il y a un goût pour l’image très prononcé. »

Enfant, quel était votre livre préféré ?

« Il y a un livre que j’ai absolument adoré étant enfant, c’est la fameuse Invasion des ours en Sicile de LB qui était justement un livre où l’auteur faisait à la fois le texte et les images et c’est un texte absolument magnifique, c’est une histoire superbe et ce sont des images très envoûtantes. Il y a des images qu’on voit étant enfant et qui nous marquent très profondément et c’est un bon exemple de ça. Les images de ce livre sont tout à fait étonnantes «.

Quelles sont les qualités que doit posséder un bon illustrateur ?

« Je pense que la première des qualités, c’est de développer un type d’imagerie qui lui appartienne vraiment, qui soit vraiment à l’image de qui il est. Et on met parfois des années à développer ça, puisque quand on est jeune, on est obligatoirement influencé par un tas de gens et on met beaucoup de temps, et ça demande énormément de travail pour développer cet espèce de vocabulaire graphique dont on est le seul possesseur au bout d’un temps. L’autre chose qui me semble essentiel, c’est d’avoir un type de vocabulaire, un type d’image qui reste néanmoins accessible pour qu’il puisse être compris par les autres, parce que l’intérêt de faire des choses, de faire des images, de faire des histoires, c’est qu’à un moment donné, ces histoires rencontrent un public ».