Problèmes de la cornée : un nouveau traitement développé en République tchèque

Photo: ČT24

Le traitement à l’aide de cellules souches jouit d’une grande popularité dans le monde, et donc également en République tchèque. Une équipe de scientifiques de l’Institut de médicine expérimentale de l’Académie tchèque des sciences expérimentent une nouvelle innovation dans ce domaine qui devrait permettre de traiter les pathologies ou blessures affectant la cornée, cette partie antérieure de l’œil qui transmet la lumière du cristallin à la réthine.

Vladimír Holáň,  photo: ČT24
Cette méthode via les cellules souches, qui donne de l’espoir aux patients affectés par un problème au niveau de la cornée, a déjà obtenu de bons résultats lors d’expérimentations sur des animaux. Les scientifiques attendent désormais l’autorisation d’initier la première phase des essais cliniques. Chercheur et responsable du projet, Vladimír Holáň présente ce nouveau traitement qui pourrait à l’avenir aider des centaines de personnes :

« Les cellules souches aident à la guérison de l’œil lésé quand les autres méthodes de traitement s’avèrent inefficaces. Nous sommes capables d’obtenir ces cellules du bord de l’œil où elles se trouvent, de les multiplier en culture tissulaire et de les implanter à l’œil lésé sur des supports de nanofibres. Les cellules migrent ensuite des fibres vers l’œil et commencent ainsi sa guérison. »

Les cellules prélevées sont cultivées dans des petits flacons assurant un milieu de culture convenable, qui sont installés dans un incubateur chauffé à la température de 37 °C. Le support, formé d’un tissu spécial, est ensuite appliqué pour quelques jours sur l’œil du patient.

Vladimír Holáň explique que les chercheurs disposent actuellement de trois possibilités pour soigner la cornée à l’aide de cellules souches :

Photo: ČT24
« Dans le cas de la lésion d’un seul œil, par exemple après une projection d’acide, d’hydroxyde ou à la suite d’une maladie infectieuse, on peut prélever les cellules souches depuis l’œil sain. Dans le cas de la lésion des deux yeux, il faut chercher un donneur non apparenté. Mais après la greffe des cellules souches à partir d’un donneur, il est nécessaire d’entamer une forte immunosuppression, c’est-à-dire de supprimer médicalement le système immunitaire, afin d’empêcher leur rejet. Enfin, la troisième possibilité, la plus moderne, c’est le prélèvement d’un autre type de cellules souches du patient même, comme les cellules souches sélectionnées dans la moelle osseuse ou dans la masse graisseuse. Nous sommes capables de transformer ces cellules en cellules souches de l’œil. Ensuite, nous pouvons les transmettre à l’œil où elles participent à sa guérison. »

L’équipe de Vladimír Holáň attend actuellement l’autorisation de l’Institut national pour le contrôle des médicaments afin de commencer les essais cliniques. Néanmoins, comme le précise son chef, parler de la mise en pratique de cette méthode semble être encore prématuré :

« Nous sommes en fait capables de prélever les cellules souches, de les multiplier, de les implanter dans l’œil et d’améliorer la vue du patient seulement pendant un mois. Mais je crois que ce traitement ne sera disponible que dans quelques années. Il est d’abord nécessaire de faire des études précliniques sur une trentaine de patients pour montrer le caractère inoffensif du traitement. Puis, il faut montrer son efficacité et ce n’est qu’ensuite que cette méthode de traitement pourrait être approuvé. »

Le recours aux cellules souches est de plus en plus fréquent également dans d’autres domaines de la médecine, notamment dans le traitement de la leucémie ou dans le traitement des brûlures. Directrice de l’Institut de médicine expérimentale de l’Académie tchèque des sciences, Eva Syková, qui est également sénatrice, développe les nombreuses applications de cette méthode :

Eva Syková,  photo: Petra Čechová,  ČRo
« On peut l’appliquer pour des maladies neurologiques pour lesquelles aucune méthode de traitement n’est actuellement disponible, comme par exemple la sclérose latérale amyotrophique. Les expérimentations sur des animaux ont prouvé que les cellules souches peuvent prolonger la durée de vie du sujet atteint. Ensuite, cette méthode pourrait concerner également les traumatismes cérébraux ou les traumatismes de la moelle épinière. Nous gérons actuellement plusieurs projets d’expérimentations sur des animaux qui s’intéressent à ces sujets. »

Actuellement, une dizaine d’équipes de cet institut s’intéressent aux différentes manières d’emploi de ce type de traitement. Eva Syková ajoute qu’avec ses résultats, la République tchèque se classe parmi l’élite scientifique.