Présidentielle : la désinformation au cœur de la campagne

L'encadré publicitaire 'Stop aux immigrés et à Drahoš. Ce pays est le nôtre ! Votez Zeman !', photo: ČTK

La campagne bat son plein à un peu plus d’une semaine de la tenue du second tour de l’élection présidentielle, qui opposera le président sortant Miloš Zeman à l’ancien président de l’Académie des sciences Jiří Drahoš. Comme dans d’autres pays, cette campagne est plombée en République tchèque aussi par les mensonges, les rumeurs et autres fausses informations. Avec Jiří Drahoš pour cible privilégiée.

L'encadré publicitaire 'Stop aux immigrés et à Drahoš. Ce pays est le nôtre ! Votez Zeman !',  photo: ČTK
Miloš Zeman l’a dit et répété : il ne mène pas campagne. Ne serait-ce qu’officiellement ou personnellement. Le locataire du Château de Prague estime que son travail parle de lui-même et suffira à sa réélection. C’est donc Le Club des amis de Miloš Zeman qui s’occupe de la promotion de la candidature de l’actuel locataire du Château de Prague. Et c’est ce même club des amis qui a financé la publication, ce jeudi, dans deux quotidiens du pays – Deník et Právo - de l’encadré publicitaire sur lequel, à côté d’une photo du président, on pouvait lire le message suivant : « Stop aux immigrés et à Drahoš. Ce pays est le nôtre ! Votez Zeman ! ».

Cette attaque visait explicitement son adversaire pour le second tour sur le thème de la migration, un des principaux thèmes qui ont animé tant la campagne qui a précédé les élections législatives en octobre dernier que celle pour l’élection présidentielle.

Miloš Zeman,  photo: ČTK
A côté de cet encadré publicitaire, le quotidien Deník a néanmoins pris le soin de publier la réaction de Jiři Drahoš, qui affirme qu’il s’attendait à ce type de mensonges et de désinformations tout en précisant que lui non plus n’est pas favorable à un accueil massif d’immigrés en République tchèque. Plus loin, dans un commentaire, le directeur des rédactions du journal estimait pour sa part qu’il s’agissait là d’une « faute du Château » alors que Miloš Zeman et son entourage connaissent parfaitement la position de Jiří Drahoš sur le thème de la migration. Mais qu’importe : vraie ou fausse, l’information a été propagée et portée à connaissance des lecteurs, dont certains seront peut-être influencés au moment de voter vendredi et samedi prochains, tandis que Jiří Drahoš, bien qu’il s’en défende, a été affaibli dans ses positions.

Ce n’est là toutefois qu’un exemple parmi d’autres de la désinformation qui accompagne la campagne électorale en cours. Car les « fake news », ou fausses nouvelles, se sont multipliées ces derniers jours, notamment sur les réseaux sociaux. Celles concernant Miloš Zeman, personnalité omniprésente sur la scène politique et dans les médias depuis vingt-cinq ans, se rapportent essentiellement à son état de santé, le président étant, il est vrai (!), apparu très fatigué et affaibli physiquement à plusieurs reprises ces derniers mois.

Jiří Drahoš,  photo: ČTK
C’est donc Jiří Drahoš, scientifique de formation bien moins connu du grand public, qui est la cible du plus grand nombre d’attaques et de calomnies. Désormais soutenu par la majorité des candidats éliminés au premier tour, Jiří Drahoš aurait ainsi été, ou serait selon diverses sources le plus souvent difficilement identifiables, tout à la fois un agent de la StB, la police politique de l’ancien régime communiste, un membre du Club de Rome, un franc-maçon, et même un pédophile…

Pour contredire ces fausses informations et défendre les intérêts et la réputation de Jiří Drahoš, un site internet PoPravdě.cz – littéralement « à la vérité » ou « à dire vrai », a du coup été créé. Sur la page d’accueil, il est expliqué que l’objectif est précisément de rétablir la vérité relative au candidat Drahoš. « Nous fournissons les faits et les sources et démentons les calomnies qui pleuvent sur sa personne avant le second tour de l’élection présidentielle », peut-on lire. Compte twitter, profil Wikipédia, appartenance au Club de Rome ou au Nouvel ordre mondial, collaboration avec la StB, financement de la campagne électorale ou encore rapport avec Angela Merkel sont autant de thèmes passés en revue.