Présidentielle 2013 - Jana Bobošíková : les valeurs traditionnelles et l’euroscepticisme comme fers de lance

Jana Bobošíková, photo: Šárka Ševčíková, ČRo

Nous vous proposons aujourd’hui le tout dernier portrait des neuf candidats à la première élection présidentielle à scrutin direct en République tchèque, dont le premier tour doit bien se dérouler la semaine prochaine, comme la Cour constitutionnelle en a décidé ce vendredi. Jana Bobošíková, 48 ans, ancienne journaliste, aujourd’hui directrice marketing et surtout candidate récidiviste à la magistrature suprême, puisqu’elle avait déjà tenté sa chance en 2008.

Jana Bobošíková,  photo: Šárka Ševčíková,  ČRo
Certains l’appellent familièrement « Bobo ». Au-delà de l’anecdote, Jana Bobošíková est une figure connue de la scène médiatique tchèque. Ancienne journaliste politique à la télévision publique où, accusée de partialité vis-à-vis du parti ODS, elle a marqué son passage par son rôle dans une crise majeure à la fin de l’année 2000. Passée ensuite à Nova, la toute première chaîne de télévision privée née après 1989 et réputée pour ses reportages souvent racoleurs et sulfureux, Jana Bobošíková a profité de sa popularité d’ex-star de la télé pour se lancer dans une carrière politique qui l’a menée jusqu’au Parlement européen de 2004 à 2009, alors même que l’un de ses fers de lance est un euroscepticisme proche de celui du président sortant Václav Klaus.

Tout comme ce dernier, d’ailleurs, elle dit qu’en cas de succès aux élections, elle ne ferait pas flotter le drapeau européen sur le Château de Prague, siège de la présidence. Un euroscepticisme, mais aussi des positions conservatrices, et d’autres points communs, qu’elle partage, tout comme son parti Suverenita, avec le mouvement ultraconservateur de droite DOST et le Parti communiste tchèque et morave (KSČM) dont elle a d’ailleurs demandé le soutien, obtenant celui de l’un, mais pas de l’autre. Pour Jana Bobošíková, il n’y a pas de contradictions :

« Au contraire, je trouve que ce devrait être l’objectif de toute personne souhaitant devenir président de la République tchèque. J’ai bien conscience que le président ne peut être le président de tous les citoyens, mais il doit être le président du plus grand nombre d’entre eux. C’est pour cela que j’ai regardé quels partis ou formations politiques n’avaient pas de candidats personnels et j’ai essayé de trouver des points communs entre le programme de Suverenita et celui de DOST et du KSČM. Je n’ai d’ailleurs jamais caché, déjà lors de la précédente élection présidentielle, que mon programme a des similitudes avec celui du Parti communiste : par exemple, le refus du Traité de Lisbonne, la défense de la vérité historique et la politique énergétique nucléaire. »

Pour Jana Bobošíková, donc, qui avait par ailleurs été candidate du Parti communiste à la présidentielle en 2008, il n’y a pas lieu d’agiter l’épouvantail d’une menace communiste : selon elle, le parti communiste tchèque et morave actuel n’a rien à voir avec celui qui a dirigé la Tchécoslovaquie d’une main de fer avant 1989. Elle n’exclut d’ailleurs pas, si elle était élue, de nommer un éventuel gouvernement de coalition avec des membres du Parti communiste, une question qui est un des enjeux de cette élection.

Jana Bobošíková est entrée dans la course à la présidentielle avec un programme nettement nationaliste et ultra-libéral, promettant que, présidente, elle n’accepterait pas le transfert de davantage de compétences à Bruxelles et qu’elle garantirait le refus d’entrer dans la zone euro. Critique de l’islam, elle a fait de la défense des valeurs dites « traditionnelles » son cheval de bataille, sans spécifier toutefois plus avant la façon dont elle entend y pourvoir.