"Prends l'oseille et tire-toi" : les ouvriers étrangers devenus indésirables à cause de la crise

Les seize premiers ressortissants mongols sont partis le 19 février, photo: CTK

Il y a encore quelques mois, la République tchèque affichait plus de 5% de croissance et avait cruellement besoin de main-d’œuvre étrangère. Mais la crise est là et les ouvriers étrangers sont les premiers à avoir été licenciés. Pour les inciter à retourner dans leur pays, les autorités tchèques ont décidé de leur proposer 500 euros et un billet d’avion.

Locaux de la police des étrangers de la ville de Plzeň: ils sont des dizaines, en majorité des ressortissants mongols, à profiter de la nouvelle offre du gouvernement tchèque, qui cherche à faire rentrer chez eux les ouvriers étrangers venus pallier la pénurie de main-d’œuvre il y a encore quelques mois, et aujourd’hui licenciés à cause de la crise. Ilona Vaníčková est la porte-parole de la police des étrangers de la ville :

« Le projet a commencé le 17/02 et est prévu pour 2000 personnes en tout. On s’attend à ce que l’intérêt pour ce programme de retour volontaire continue. Rien qu’ici on a environ 15 demandes validées par jour. »

Les seize premiers ressortissants mongols sont partis le 19 février,  photo: CTK
500 euros en liquide et un billet d’avion pour retourner dans leur pays. L’offre des autorités tchèques n’est valable que pour les citoyens des pays non membres de l’UE qui travaillaient légalement sur le territoire et ont perdu leur emploi. Dans la communauté mongole de Plzeň, certains ont déjà fait leur choix. Tuul Terbish est venue il y a six mois avec sa fille de 10 ans :

« En République tchèque il y a la crise économique et ça devient vraiment difficile, c’est pour ça que j’ai décidé de rentrer en Mongolie avec ma fille. »

Les seize premiers ressortissants mongols sont partis le 19 février,  photo: CTK
Mais le choix n’est pas facile. Bayraa est arrivé il y a moins d’un an avec sa femme. Parmi les milliers de Mongols venus travailler en République tchèque, ils sont nombreux, comme lui, à avoir accumulé trop de dettes dans leur pays pour pouvoir rentrer tout de suite. Employé dans l’industrie automobile, il a été licencié il y a deux mois mais veut rester :

« Les 500 euros qu’ils proposent ne nous suffisent pas. On a dû emprunter 6000 dollars en tout pour venir ici et on a vendu tout ce qu’on avait, il faut que je retrouve du travail. »

En deux semaines, 600 personnes se sont inscrites, et 130 sont déjà parties. Pour ceux qui restent, les contrôles d’identité s’annoncent plus fréquents. Selon le ministre tchèque de l’Intérieur, Ivan Langer, « les ouvriers étrangers licenciés représentent à terme un risque pour la sécurité du pays ».