Première loi tchèque relative aux recherches sur les embryons : les députés donnent leur feu vert

Mercredi dernier, la Chambre des députés a adopté le projet de loi visant à autoriser les recherches sur les embryons humains. Prohibant strictement le clonage, il ouvre la voie, selon les scientifiques, au traitement de certaines maladies aujourd'hui incurables. Le sujet suscite néanmoins des réactions controversées...

Les chercheurs tchèques s'en réjouissent. L'accord du Sénat et du chef de l'Etat à la loi en question leur permettrait de prélever des cellules mères sur des embryons humains vieux de sept jours au maximum et conçus dans des centres d'assistance médicale à la procréation. Ces cellules ont, paraît-il, un potentiel énorme : universelles et susceptibles de se transformer en des cellules différentes, elles pourraient remplacer des tissus malades et permettre, par conséquent, de traiter des maladies comme celles d'Alzheimer, de Parkinson ou le diabète.

Il n'empêche que la loi a été boycottée, à la Chambre, par certains députés, les chrétiens-démocrates notamment. « Il est inadmissible, pour nous, que les embryons humains décomposés soient utilisés à des effets scientifiques », a protesté le vice-président du parti chrétien-démocrate, Jan Kasal. Une opinion partagée, entre autres, par La Conférence épiscopale tchèque. Eva Sykova, directrice de l'Institut de la médecine expérimentale de l'Académie des Sciences, s'y oppose :

« Il ne s'agit que des embryons dits 'surnuméraires', ne faisant plus l'objet d'un projet parental et qui seraient, de toute manière, détruits. C'est un aspect très important, mais souvent mal interprété par les hommes politiques. Car là, il n'est vraiment pas question de mettre fin à la vie d'un être humain. Disons que c'est une autre forme du don d'organes. Les embryons qui ne sont pas placés dans l'utérus et ne se développent pas jusqu'à la naissance des enfants sont actuellement conservés pendant dix ans, puis détruits. Mais cette nouvelle législation nous permettrait de les traiter comme des donneurs d'organes. »

Un autre point non moins important : le projet de loi voté par la Chambre, définit clairement les modalités de la recherche sur les embryons. Ainsi, le clonage reproductif sera passible de huit ans de réclusion et de plusieurs millions de couronnes d'amende. Les recherches pourront être effectuées uniquement dans des centres spécialisés et avec l'accord des parents. Le risque d'un commerce des embryons ne devrait pas exister, car la loi impose la gratuité du don.

Auteur: Magdalena Segertová
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