Peu connue des Tchèques, la littérature hongroise à l’honneur du 20e Monde du Livre à Prague

Photo: Barbora Kmentová

La 20e édition du salon « Le Monde du Livre » - « Svět Knihy » démarre ce jeudi et pour quatre jours au Palais industriel du Parc des expositions (Výstaviště), dans le quartier de Holešovice. L’un des événements littéraires les plus importants en République tchèque accueille plusieurs dizaines d’écrivains de renom et offre plus de cinq cents programmes d’accompagnement.

Péter Esterházy,  photo: Vadaro,  Wikimedia CC BY-SA 3.0
Comme chaque année, le festival met à l’honneur un pays en particulier. Si l’année dernière, le festival s’est articulé autour de la Slovaquie, cette année, c’est la Hongrie et ses auteurs qui seront présentés aux bibliophiles tchèques. Les éditeurs proposeront les dernières traductions d’une littérature finalement assez mal connue du public tchèque. Dans ce cadre, l’écrivain Péter Esterházy, pour lequel la culture tchèque n’est pas étrangère, y présentera ses nouveautés : un livre sur Bohumil Hrabal et un second intitulé « Édition revisitée », qui fait suite à une saga familiale amorcée par le passé. Péter Esterházy s’est notamment fait connaître du public tchèque lorsque la traduction de son roman « Harmonia Caelestis », publiée l’année dernière et fruit du travail de Roman Svoboda, a obtenu le prestigieux prix Magnesia Litera. A propos de la présentation du livre sur Bohumil Hrabal, dont on a été fêté le centième anniversaire de la naissance en mars dernier, le directeur de l’Institut hongrois de Prague, Róbert Kiss Szemán, a dévoilé comment l’un des plus célèbres écrivains tchèques était perçu en Hongrie :

Róbert Kiss Szemán,  photo: Cseh-és Morvaországi Magyarok Szövetsége
« Je crois que l’image que nous avons de Bohumil Hrabal est très particulière. En fait, pour nous, Hrabal est un auteur hongrois, ce que confirme par exemple une exposition d’artistes hongrois qui lui rendent hommage dans les locaux de notre institut. Je suis persuadé que, pour nous, Hrabal est un auteur très important, et ce d’abord parce qu’il a appris aux Hongrois comment surmonter les tragédies et comment survivre aux évènements historiques. »

Péter Esterházy ne sera pas le seul représentant de la littérature hongroise à Prague. Mentionnons également János Hay, Krisztina Tóth ou l’historien de la littérature, critique et philosophe László F. Földény, qui présentera son livre « Mélancolie. Essai sur l’âme occidentale ». Celui-ci est une étude traitant de l’histoire et de la transformation de la mélancolie dans la culture européenne depuis l’Antiquité à nos jours. Le directeur de l’Institut hongrois mentionne également les autres auteurs hongrois qui ne devraient pas être laissés de côté :

« Je pense que, en référence au XXe siècle, Sándor Márai mérite l’attention du public tchèque (écrivain né à Košice en 1900 et mort en Californie en 1989, ndlr.), de même que Péter Nádas ou László Krasznahorkai parmi les écrivains contemporains. »

Outre les titres hongrois, les visiteurs du Monde du livre pourront profiter de lectures de romans et de poèmes d’auteurs internationaux et tchèques, tels que Ludvík Vaculík ou Pavel Kosatík, ainsi que de conférences, d’expositions et de séances de dédicaces, qui se tiendront également dans différents endroits de Prague. Parmi les principaux thèmes au programme de cette année figurent également le genre de la fantaisie et de la science-fiction, ainsi que le thème de l’histoire reflétée dans la littérature.

De nombreuses associations seront également présentes tout au long de cette grande foire littéraire. La plus ancienne d’entre elles, l’Association des bibliophiles tchèques (Spolek českých bibliofilů), créée en 1908, sera également de la partie. Son vice-président Prokop Toman explique sa spécificité :

Photo: Albin Michel
« L’association est composée d’amateurs de beaux livres, c’est-à-dire de livres édités dans des éditions limitées, à six cents exemplaires maximum. Mais ces livres sont préparés de manière consciencieuse par des maîtres du graphisme, de la typographie, ainsi que par des maîtres des autres beaux-arts liés aux livres. »

Du côté francophone, soulignons la présence de l’écrivain Jean-Michel Guenassia, que vous entendrez prochainement sur Radio Prague et qui participera notamment à la conférence samedi afin de présenter sa dernière œuvre, « La vie rêvée d’Ernesto G. », qui évoque le séjour mystérieux d’Ernesto Che Guevara en Tchécoslovaquie. Et comme chaque année, tout au long du festival, les livres seront récompensés dans le cadre de plusieurs concours. Pour plus d’informations, rejoignez le site du festival http://sk2014.svetknihy.cz/