Paysages et pays sages belges à Prague

Jacques Vilet - extrait de la série 'Le bord du jour'

Le vernissage d'une exposition photographique intitulée « Pays Sages » a eu lieu, ce lundi, dans les bâtiments de la Délégation Wallonie-Bruxelles à Prague. Cette exposition itinérante produite par l'association Espace Photographique Contretype présente douze artistes appartenant à la Communauté française de Belgique autour du thème du paysage. Mais comme l'indique judicieusement le jeu de mots de l'intitulé de l'exposition, « Pays Sages », il s'agit avant tout d'un paysage intérieur, celui de chacun des auteurs des photos. Bref, douze façons de voir, de sentir, de penser le monde, douze autoportraits en quelque sorte, comme l'a expliqué Jean-Louis Godefroid, directeur de Contretype et curateur de l'exposition, au micro de Guillaume Narguet :

« Pays sages, c'est un peu un clin d'oeil, parce que ce n'est pas tout à fait un pays sage, un paysage en Belgique. Paysage, c'est aussi l'idée que ce n'est pas une vision politique du paysage, ce n'est pas une vision sociologique. J'ai choisi des artistes qui pratiquent vraiment le paysage de façon intérieure. C'est plus de la réflexion, de la philosophie que de la représentation ou de la conquête de territoires. »

-Quels sont les photographes dont les oeuvres sont présentées ?

« Il y a douze artistes qui sont représentatifs en communauté française de Belgique et travaillent le genre du paysage depuis de nombreuses années. Ce n'est pas un hasard s'ils sont réunis. Je crois que le paysage, c'est vraiment un genre. Je veux dire par là qu'ils auraient pu être poètes ou peintres, enfin, on s'en fout de tout cela, c'est vraiment le paysage en tant que genre, en tant que matière à réflexion. »

-Mais que peut-on trouver dans ces photos ?

« Des choses évidemment très différentes parce que je crois que c'est à chaque fois comme un autoportrait, dans le sens où les gens qui pratiquent ce genre de photos se révèlent, ils nous donnent quelque chose d'eux-mêmes. Donc, vraiment, je sens ça comme étant de l'autoportrait. Ils nous donnent quelque chose qui est vraiment leur réflexion, donc ce sont des choses très différentes. Il y a des paysages faits en Belgique, d'autres en Palestine, dans le nord de l'Allemagne, etc., mais, quelque part, ça n'a aucune importance. C'est à dire qu'ils trouvent dans le paysage des choses qui font écho à leur réflexion personnelle et intérieure. »

-Votre exposition a déjà été présentée dans de nombreux endroits du monde. Quel est l'accueil qui lui est généralement réservé ?

« Bah, ça surprend. Et c'est un peu fait pour ça. Ca surprend, parce que c'est à la fois très simple, très différent, chaque artiste ayant vraiment sa personnalité qu'il révèle. Ce que je dois ajouter, c'est que je crois franchement que pour la photographie, que ce soit en Tchéquie, au Mexique, au Portugal, en Hongrie, bref n'importe où, dans chaque pays, il y a une histoire visuelle, et pas uniquement photographique. Et on ressent dans la photographie toute cette histoire de la représentaion du pictural. On ne photographie pas de la même façon en Espagne, en France, en Allemagne, en Angleterre, en Amérique ou ici. Et je trouve, à force de voyager et de rencontrer des gens, qu'il y a une richesse et une diversité européennes. Quand je dis européennes, c'est l'Europe au sens large du terme, et c'est extraordinaire. Il n'y a pas, ce n'est pas une vision unique. Et ce que je trouve intéressant dans cette expo, c'est que je propose peut-être une petite singularité, une petite particularité de ma région, de mon eurégion comme on dit maintenant, et j'espère bien qu'on puisse aussi mettre cela en liaison avec ce qui ce pratique partout en Europe, avec d'autres pays. Et là, je crois que nous avons une richesse extraordinaire dans notre pays. Enfin... dans notre Europe. »

L'exposition « Pays Sages » est à visiter à la Délégation Wallonie- Bruxelles jusqu'au 23 avril.