Pavel Varvařovský, ancien juge constitutionnel, élu nouvel ombudsman

Pavel Varvařovský, photo: CTK

Quatre mois après le décès d’Otakar Motejl, le premier ombudsman tchèque, le Parlement tchèque a enfin élu un nouveau « défenseur public des libertés ». Ce sera Pavel Varvařovský, ancien juge constitutionnel.

Pavel Varvařovský,  photo: CTK
Remplacer une figure aussi imposante et marquante que celle d’Otakar Motejl n’a rien d’une mince affaire. Notamment parce que le tout premier ombudsman tchèque a imposé sa marque à cette fonction par sa stature morale et ses qualités de juriste. Figure respectée de la vie publique tchèque, Otakar Motejl est décédé le 9 mai dernier.

Après un raté au début de l’été, les députés tchèques ont finalement choisi, mardi, l’ancien juge constitutionnel Pavel Varvařovský à 98 voix pour sur 181. Un homme peu connu du grand public, ce que lui-même ne considère pas nécessairement comme un handicap :

Otakar Motejl
« Nous verrons si c’est un handicap. Je dois dire que j’ai été très heureux des réactions des gens qui m’ont contacté après l’élection, des gens qui me connaissent ainsi qu’Otakar Motejl, de l’époque où nous travaillions ensemble. Ils m’ont écrit que si Otakar Motejl nous voyait de là-haut, qu’il devait être content. Pour moi, cela a une valeur d’engagement... »

Prendre la relève d’Otakar Motejl tout en poursuivant son travail, tel est l’objectif de cet ancien juge qui espère profiter de sa nouvelle fonction pour rendre le droit et la défense des citoyens plus proches du grand public, plus compréhensibles. Pavel Varvařovský :

« Je suis plutôt quelqu’un de conservateur. Je pense que pour que le droit soit intégré dans l’esprit des gens, il ne doit pas changer au moindre coup de vent. Je pense que les institutions ne doivent pas changer à tout bout de champ mais qu’au contraire elles doivent se consolider et se forger une ‘image’ au sein de la société. Donc je suis pour une continuation des prérogatives de l’institution telles qu’elles existent à l’heure actuelle. »

Des prérogatives larges qui dépassent celle du simple médiateur de la République à la française par exemple. En effet, l’ombudsman tchèque, ou « défenseur public des libertés » sert d’une part d’intermédiaire entre les citoyens et l’Etat. Ceux qui sentent leurs droits bafoués peuvent faire appel à lui. Mais contrairement aux ombudsman d’autres pays, le défenseur public des libertés en République tchèque a été créé à l’origine comme institution dans le cadre de la mise en oeuvre de la Convention pour la Protection de la Torture. Il peut donc, préventivement, visiter des lieux d’enfermement tels que les prisons ou hôpitaux psychiatriques. Ces pouvoirs élargis en font donc un acteur important de la défense.

Pavel Varvařovský,  photo: CTK
S’il entend continuer dans la lignée de son prédecesseur, Pavel Varvařovský espère pouvoir quand même introduire des changements, notamment la possibilité pour l’ombudsman de faire appel à la Cour constitutionnelle pour qu’elle annule des lois dont il estime qu’elles vont à l’encontre du droit des citoyens.

En tout cas, côté députés et côté commentateurs politiques, il semble que le consensus se soit fait sur l’élection de Pavel Varvařovský. On écoute le commentateur de Lidové Noviny, Tomáš Němeček :

« C’est un solitaire. Il n’a pas peur de se faire des ennemis, ce qui me semble être un bon point de départ pour la fonction d’ombudsman. »

Pavel Varvařovský a été élu devant le « candidat présidentiel », l’activiste John Bok ou le chef de la communauté juive de Prague, František Banyai. Il devra prêter serment devant la Chambre des Députés dans les dix jours pour que son élection soit validée.