Pas de « mini-Schengen », martèlent les pays du V4

Viktor Orbán, Park Geun-hye, Bohuslav Sobotka, Beata Szydlo, Robert Fico, photo: ČTK

Jeudi, à Prague, les pays du groupe de Visegrad ou V4 (République tchèque, Slovaquie, Pologne et Hongrie) ont catégoriquement refusé toute idée de « mini-Schengen », évoquée récemment par le président de l’Eurogroupe suite aux attentats de Paris et en lien avec la répartition des réfugiés. Ce sommet des pays du V4 a été aussi l’occasion d’accueillir la présidente de la Corée du Sud, Park Geun-hye et d’envisager un développement des relations avec Séoul.

Photo: Vojtěch Berger,  ČRo
Dans une interview récente dans des quotidiens belges, le président de l'Eurogroupe et ministre des Finances néerlandais Jeroen Dijsselbloem a estimé que la zone Schengen ne pouvait pas être viable si seulement quelques pays membres acceptaient le mécanisme d’accueil des réfugiés qui affluent en Europe ces derniers mois. Cette déclaration fait référence notamment aux pays d’Europe centrale, dont la République tchèque et les autres pays du groupe de Visegrad, qui ont refusé le principe des quotas migratoires visant à répartir les réfugiés. Tout comme il y a quelques mois, il avait été question de fermer le robinet des fonds européens aux pays récalcitrants, Jeroen Dijsselbloem a évoqué la possibilité que certains Etats se retrouvent exclus d'une zone Schengen rétrécie.

Ces propos ont évidemment fait bondir les représentants des pays du groupe de Visegrad, qui ont adopté une déclaration commune refusant toute prise en otage sur la question des réfugiés, comme l’a déclaré le premier ministre tchèque Bohuslav Sobotka :

Viktor Orbán,  Park Geun-hye,  Bohuslav Sobotka,  Beata Szydlo,  Robert Fico,  photo: ČTK
« Nous avons décidé d’initier, dans le cadre de l’Union européenne, un groupe de pays que nous avons appelé ‘Les Amis de Schengen’. L’objectif de ce groupe est de mettre en valeur notre volonté commune de protéger des frontières extérieures de l’espace Schengen et de conserver ce dernier tel quel. Nous rejetons toute idée de mini-Schengen dans le cadre de l’UE et nous refusons l’utilisation des fonds européens comme moyen de pression dans le cadre des débats menés au sein de l’UE sur la question migratoire. »

Tout comme la Pologne et la Hongrie, autres pays du groupe de Visegrad, la Slovaquie se sent particulièrement concernée par ces questions de frontières puisque voisine de l’Ukraine, son territoire comprend une frontière extérieure de l’espace Schengen. Robert Fico, premier ministre slovaque :

« La République slovaque possède une frontière de Schengen avec l’Ukraine et elle remplit ses obligations qui découlent de ce fait. Au nom du gouvernement tchèque, je ne peux que répéter que nous sommes prêts à aider, sur une base bilatérale, tous ceux qui ont des problèmes pour protéger les frontières de Schengen. Enfin, je tiens à préciser que le gouvernement slovaque a déposé plainte mercredi à la Cour de justice de l'Union européenne à Luxembourg, contre la décision du conseil des ministres de l’Intérieur de septembre dernier de mettre en place des quotas migratoires obligatoires. »

Si tous les Etats membres du groupe de Visegrad sont contre les quotas migratoires, la possibilité d'un recours en justice ne fait pas l’unanimité, puisque la République tchèque par exemple, avait déjà annoncé qu’elle ne porterait pas plainte à l’instar de son voisin slovaque.

Park Geun-hye et Bohuslav Sobotka à Prague,  photo: ČTK
En marge de cette réunion du groupe de Visegrad et de ces questions purement européennes, les quatre pays du V4 ont également discuté coopération bilatérale avec la Corée du Sud, pays dont la présidente Park Geun-hye était à Prague pour une visite de quatre jours. Les deux parties ont évoqué le renforcement des liens dans les domaines de l'économie, du commerce et de la culture. Un mémorandum a été signé à l’occasion de cette réunion à Prague, document qui insiste également sur le nécessaire soutien des quatre pays du V4 au processus de réunification des deux Corées.