Paris et Prague se fâchent sur la question des Roms

L'expulsion des Roms de France, photo: CTK

Un nouvel incident est venu perturber les relations parfois tendues ces dernières années entre les gouvernements français et tchèque. Samedi, dans le quotidien Lidové Noviny, le chef de la diplomatie tchèque Karel Schwarzenberg a condamné la politique française de renvoi des Roms en Roumanie et en Bulgarie. Des critiques jugées malvenues par les responsables politiques français.

L'expulsion des Roms de France,  photo: CTK
D’habitude, c’est la République tchèque qui fait l’objet d’un certain nombre de critiques françaises – des critiques mettant en doute les capacités de la République tchèque à assumer la présidence de l’Union européenne en 2009, ou encore, tout de suite après sa prise de fonction à la tête de l’UE, sur sa gestion de la crise du gaz. A plusieurs reprises, Karel Schwarzenberg, déjà ministre des Affaires étrangères sous le deuxième gouvernement Topolánek, n’avait pas hésité à riposter, en évoquant par exemple les intentions électoralistes du président français quand celui-ci en appelait à la relocalisation des usines automobiles Peugeot de la République tchèque en France.

Karel Schwarzenberg
Cette fois-ci néanmoins, c’est le chef de la diplomatie tchèque qui a en quelque sorte attaqué le premier. « La façon dont le président Sarkozy expulse les citoyens roumains est contraire à l'esprit et aux règles de l'UE […] On ne peut pas s'empêcher de soupçonner que des points de vue racistes y jouent aussi un rôle », a-t-il déclaré ce samedi dans les colonnes de Lidové Noviny, faisant donc référence aux plusieurs milliers de Roms venus s’installer en France et renvoyés vers la Bulgarie ou la Roumanie. L’ambassadeur français pour les Droits de l’homme Francois Zimeray a immédiatement répliqué que la France n’avait pas de leçons à recevoir d’un pays qui est plus mal placé quant au respect des Droits de l’homme. C’est donc l’hôpital qui se moque de la charité, ont jugé les responsables politiques français. Et il est clair que la République tchèque est loin d’être un modèle en ce qui concerne la situation des communautés roms dans le pays. Habituée à recevoir de nombreux rapports négatifs de la part de différentes organisations européennes et internationales, la diplomatie tchèque a néanmoins peut-être estimé qu’elle avait également le droit d’émettre des critiques sur les politiques de ses voisins vis-à-vis des Roms.

Quoiqu’il en soit, le ministre tchèque des Affaires étrangère, Karel Schwarzenberg, est revenu à la télévision publique tchèque sur ses propos, jugeant qu’ils n’avaient pas été fidèlement retranscrits dans le quotidien tchèque. Karel Schwarzenberg :

« J’ai seulement dit que, de l’extérieur, cela donne une impression de racisme. Mais je ne l’ai pas accusé de racisme »

Une nuance pour apaiser la situation, mais le gouvernement tchèque reste derrière son ministre. Le Premier ministre Petr Nečas a certes qualifié de « hâtifs » les propos du ministre des Affaires étrangères mais il a d’autre part critiqué l’arrogance de la France qui n’a invité ni la Roumanie, ni la Bulgarie, ni la République tchèque, à une rencontre informelle sur l’immigration entre différents ministres européens. Karel Schwarzenberg :

L'expulsion des Roms de France,  photo: CTK
« La société européenne n’est pas encore en mesure de traiter la question des Roms. J’admets que c’est difficile, puisque de grosses erreurs ont été faites depuis plusieurs générations. Je pense que les Français sont conscients du fait que la question ne peut pas se régler si facilement que l’expulsion aux frontières d’un Etat. »

La réunion ministérielle organisée par la France devrait se tenir lundi prochain. D’après l’agenda du ministre tchèque des Affaires étrangères, Karel Schwarzenberg devait effectuer le même jour une visite de travail en France.