Nucléaire : une fiction autrichienne peu appréciée à Prague

Les relations entre la République tchèque et l’Autriche voisine sont régulièrement mises à mal par un sujet : le nucléaire. L’Autriche a renoncé à l’énergie nucléaire depuis 1979 et supporte mal que les centrales nucléaires tchèques continuent de produire de l’électricité à quelques kilomètres de ses frontières. Cette fois-ci, c’est la diffusion d’un film de fiction par la télévision autrichienne qui a provoqué de vives réactions côté tchèque.

« Le premier jour » : c’est le titre du film catastrophe réalisé par Andreas Prochaska et diffusé jeudi dernier en prime time sur ORF 2. La deuxième chaîne de la télévision publique autrichienne avait organisé une soirée thématique sur le nucléaire à l’occasion du 30e anniversaire du référendum du 5 novembre 1978, qui a vu 50,5% des Autrichiens refuser la mise en service de la centrale autrichienne de Zwentendorf. Un mois plus tard, le parlement autrichien votait la loi interdisant la production d'énergie nucléaire dans le pays.

« Le Premier jour » raconte l’histoire d’un accident survenu dans la centrale nucléaire tchèque de Dukovany, située à une cinquantaine de kilomètres de la frontière autrichienne. Dans cette fiction coproduite par ORF et Arte, la République tchèque apparaît comme un pays incapable de fournir les informations nécessaires en temps voulu après l’accident. Jusqu’au dernier moment, la chaîne autrichienne a volontairement omis d’indiquer qu’il s’agissait d’une centrale tchèque.

Les réactions après la diffusion ne se sont pas faites attendre. Pour l’ambassadeur tchèque à Vienne, il s’agit d’un « coup de poing qui porte atteinte aux relations entre les deux pays ». Jan Koukal :

« On pourrait s’attendre à recevoir les excuses du ministère autrichien des Affaires étrangères, mais je ne suis pas tellement optimiste. Je pense que nous ne pouvons pas restés apathiques lorsque la République tchèque est présentée d’une telle manière. »

Et le lendemain de la diffusion, le président tchèque Václav Klaus a appelé son homologue autrichien, Heinz Fischer, pour lui dire qu’il considérait ce film comme un « événement très malheureux qui ne contribuait pas à renforcer la confiance entre les deux pays ».

De son côté, le ministère autrichien des Affaires étrangères s’est contenté d’un communiqué dans lequel il indique que l’ORF, bien que publique, est indépendante du gouvernement.

Rappelons que l'autre centrale nucléaire tchèque, celle de Temelin, focalise régulièrement les protestations des anti-nucléaires autrichiens.