Nucléaire : les Verts allemands critiquent la sécurité de Temelín

Photo: Filip Jandourek, ČRo

Le parti allemand des Verts doute de la sécurité de la centrale nucléaire de Temelín, laquelle est située en Bohême du Sud à quelques dizaines de kilomètres de la frontière avec la Bavière. Une enquête, menée à leur initiative et dont les résultats ont été publiés dans l’hebdomadaire Der Spiegel, évoque des défauts au niveau de certaines soudures de l’édifice. Le Bureau tchèque pour la sécurité nucléaire et la société énergétique ČEZ démentent ces allégations et considèrent qu’il s’agit d’une manœuvre électorale des Verts en vue du scrutin fédéral allemand du 22 septembre prochain.

Photo: Filip Jandourek,  ČRo
Ce n’est pas 99 Luftballons, comme le déclare la chanteuse Nena, mais bien un millier de ballons de baudruche qui ont été lancés samedi 7 septembre depuis la ville bavaroise de Ratisbonne avec un mot d’ordre : « le nucléaire, non merci ». Cette action menée par le parti d’opposition allemand des Verts était dirigée contre la centrale tchèque de Temelín située à une centaine de kilomètres de là. Le voisin autrichien, lui qui a décidé de ne pas exploiter cette énergie, se plaint depuis déjà bien longtemps de l’existence à ses portes d’une telle infrastructure. Ce sont désormais les Allemands, lesquels ont annoncé leur intention de renoncer au nucléaire en 2011 suite à la catastrophe de Fukushima au Japon, qui s’inquiètent de la politique pro-atomique de l’Etat tchèque.

Et c’est une expertise, commissionnée par ce même parti des Verts, qui vient relancée le débat sur la sécurité de cette centrale de Temelín. Publiés dans l’hebdomadaire Der Spiegel, les résultats de cette enquête pointent du doigt la qualité des soudures liant les réservoirs sous pression et les circuits de refroidissement du bâtiment. Ces soudures seraient de plus peu ou mal documentées et poseraient donc un réel problème de sécurité. Pour Jiří Tutter, qui a un temps collaboré avec le mouvement Greenpeace, ces défauts sont connus depuis longtemps :

« Cet expertise avertit sur de vieux risques, dont parle Greenpeace depuis le début des années 2000. Il s’agit de risques liés au fait que durant la construction du premier bloc de Temelín, il y a eu des erreurs lors du montage du circuit primaire. Et comme il ne s’agissait pas de sa première erreur, la société en charge du montage a très probablement voulu les dissimuler et les a réparées en secret sans produire la documentation correspondante, sans surveillance… Cette information a fuité et a ensuite fait son chemin. »

Les autorités énergétiques tchèques n’ont pas tardé à répliquer aux écologistes allemands. Ainsi, Ladislav Kříž, le porte-parole de la société ČEZ, qui gère la centrale, a confirmé les allégations formulées au début des années 2000 par Greenpeace, qui ont entraîné, déclare-t-il, toute une série de mesures. En conséquence de quoi, la centrale de Temelín aurait « les soudures les mieux contrôlées au monde ». Présidente du Bureau tchèque pour l’énergie nucléaire, Dana Drabová ne dit pas autre chose :

Dana Drábová,  photo: Šárka Ševčíková,  ČRo
« Les gens peuvent oublier, ils peuvent faire des erreurs, ils peuvent même mentir, mais le fer, lui, ne ment pas. C’est pourquoi nous ne sommes pas tant intéressés à la quantité et à l’exactitude de la documentation, même si un important travail a été fait de ce côté-ci, qu’au fait de prouver que ces soudures ont été parfaitement réalisées. »

Jiří Tutter affirme pourtant que la documentation du Bureau tchèque pour l’énergie nucléaire témoigne de négligences dans la construction de la centrale de Temelín. Ce à quoi Madame Drabová répond que ces documents datent du début des années 1990 et que certains éléments peuvent donc paraître « maladroits ». Elle ajoute que la démarche des Verts allemands n’est pas désintéressée politiquement. Le mouvement écologiste agirait ainsi selon elle dans l’optique des élections fédérales allemandes prévues pour le 22 septembre. Quant à la centrale nucléaire de Temelín, la société CEŽ étudie toujours l’offre de la société américano-japonaise Westlinghouse et celle du consortium tchéco-russe MIR.2000, en vue de choisir le constructeur de deux nouveaux réacteurs qui devraient être opérationnels à l’horizon 2025.