Nicholas Winton ou la « contagion du bien »

Nicholas Winton, photo: CTK

La salle du Centre des congrès de Prague a applaudi debout, ce jeudi, Nicholas Winton, l’homme qui a sauvé à la fin de années 1930 plusieurs centaines d’enfants tchèques et slovaques menacés de déportation dans des camps d’extermination. Nicholas Winton est venu en personne assister à la première du film « La famille de Nicky » consacré à lui et aux enfants qu’il a sauvés, par le réalisateur slovaque Matej Mináč.

Matej Mináč,  photo: CTK
C’est déjà le troisième film où Matej Mináč fait revivre les activités de l’homme d’affaires britannique Nicholas Winton qui a réussi à sauver de l’holocauste 669 enfants tchèques et slovaques, d’origine juive pour la plupart. Par un effort acharné et astucieux, en dépit du danger et de nombreuses difficultés administratives, il les a arrachés à une mort certaine en les envoyant en Grande-Bretagne et en Suède et en les plaçant dans des familles d’adoption. Aujourd’hui Nicholas Winton a 101 ans. Défiant son âge, il est venu à Prague, à la grande satisfaction du réalisateur Matej Mináč, pour assister à la première du film « La famille de Nicky » :

« Monsieur Winton est parmi nous et il peut commenter de nouvelles révélations sur les événements du passé. On peut dire qu’il est le dernier héros dans la lignée de Schindler et de Wallenberg. Il est donc toujours parmi nous et il est toujours en excellente forme. Quand je l’invitais et lui demandais s’il pouvait venir à Prague, je pensais que c’était tout-à-fait impossible, mais il m’a dit : ‘Invite-moi et je viendrai.’ »

Photo: CTK
Matej Mináč a déjà porté à l’écran l’histoire de Nicholas Winton en 1999 dans le film « Tous mes proches », ensuite il a tourné sur lui et les enfants sauvés un documentaire et aujourd’hui il récidive avec un film qui est un compromis entre les deux genres et marie des séquences documentaires avec des scènes jouées par des acteurs. Matej Mináč vise par ces activités notamment les jeunes. Il aimerait semer parmi eux ce qu’il appelle « la contagion du bien » :

« Les jeunes cherchent quelque chose, un exemple qui leur servirait de point de départ et qui serait sans tache. Et Nicholas Winton est tout simplement formidable. Ce qu’il a fait, c’était complètement désintéressé. Et les jeunes se disent : ‘zut, on pourrait faire, nous aussi, quelque chose de semblable.’ »

Nicholas Winton,  photo: CTK
Pendant de longues décennies Nicholas Winton a gardé le silence et son histoire n’a été révélée que dans les années 1980. Depuis ce temps-là presque trois centaines d’enfants sauvés par Nicholas Winton ont été retrouvés. Sa propre famille, elle aussi, a été profondément touchée par ces révélations comme en témoigne son fils Nick :

« En ce qui me concerne, je vois tous les jours l’exemple de ce qu’un seul homme peut faire et quelles peuvent être les retombées de ses activités sur tous les aspects de la vie. C’est ce qui est important pour moi. En ce qui concerne mon père, sa vie est maintenant liée avec les enfants qu’il a sauvés. C’est extraordinaire quand on se rend compte que ces liens ont été noués si loin dans le passé. »

Aujourd’hui Sir Nicholas Winton est une célébrité. Comblé d’honneurs, annobli par la reine, il est reçu et respecté par des chefs d’Etat et des ministres. Le vice-président du Sénat tchèque Přemysl Sobotka vient de présenter le projet de candidature de Nicholas Winton au prix Nobel de la Paix. Le projet est appuyé par une pétition signée de 100 000 enfants.