Monument culturel UNESCO, l’église Saint-Jean-Népomucène restituée à l’Eglise

L'église Saint-Jean-Népomucène à Zelená Hora

L’Etat s’apprête à rendre à l’Eglise un des plus beaux monuments historiques que compte la République tchèque. Dans le cadre de l’application de la loi sur la restitution des biens confisqués aux églises sous le régime communiste, l’Institut national du patrimoine (NPÚ) a annoncé, mercredi, qu’il remettrait à la paroisse l’église Saint-Jean-Népomucène qui se trouve sur le lieu-dit de Zelená Hora, à proximité de Žďár nad Sázavou, dans la région de Vysočina (à la limite entre la Bohême et la Moravie). Chef-d’œuvre architectural de la première moitié du XVIIIe siècle, l’église, qui est également un important lieu de pèlerinage, figure depuis 1994 sur la Liste du patrimoine mondial de l’UNESCO.

L'église Saint-Jean-Népomucène à Zelená Hora | Photo: CzechTourism
Fruit le plus célèbre du travail et du génie de l’architecte Jan Blažej Santini-Aichel, l’église Saint-Jean-Népomucène a été confisquée à l’Eglise catholique par le pouvoir communiste alors en place en 1954. Depuis, l’édifice était donc une propriété de l’Etat tchèque, sa gestion et son entretien étant l’affaire du NPÚ. Celui-ci estime aujourd’hui à environ 90 millions de couronnes (3,27 millions d’euros) le montant total des sommes dépensées dans l’entretien de l’enceinte visitée chaque année par environ 50 000 personnes, dont la moitié payantes. Une réalité économique dont sont donc bien conscients les dirigeants de l’Eglise catholique, comme l’a confirmé Tomáš Holub, secrétaire général de la Confédération épiscopale tchèque :

« Nous sommes heureux que l’Etat ait fait ce qu’aurait fait et continuera à faire l’Eglise, c’est-à-dire s’occuper de l’entretien d’un monument comme l’est l’église Saint-Jean-Népomucène pendant la période où ces monuments nous ont été confisqués. Il faut préciser que cette église constitue malheureusement une exception, car beaucoup d’autres monuments qui doivent nous être restitués sont dans un bien plus mauvais état et leur rénovation va nous coûter très cher. Mais pour ce qui est de l’église à Zelená Hora, nous pouvons en effet remercier l’Etat de s’en être occupé de façon responsable. »

L'église Saint-Jean-Népomucène à Zelená Hora,  photo: gampe,  CC BY-SA 3.0 Unported
Entrée en vigueur en janvier 2013, la loi sur la restitution des biens aux églises, en plus d’avoir de multiples opposants, pose un certain nombre de problèmes pratiques et administratifs dans son application. Les différentes Eglises frappées par la suppression de leurs biens entre 1948 et 1989, période durant laquelle le parti communiste est resté au pouvoir en Tchécoslovaquie, ont ainsi déposé en l’espace d’un peu plus d’un an quelque 5 600 demandes de restitutions pour 116 000 terrains et 1 900 bâtiments. Autant de dossiers pas toujours très bien ficelés ou partiellement incomplets que les institutions publiques traitent avec des effectifs et un temps limités. De plus, si l’Etat s’est engagé à rendre ce qui lui appartenait depuis plusieurs décennies, il ne s’en débarrasse pas pour autant. Ainsi, l’église Saint-Jean-Népomucène est le premier bien classé monument national qui sera restitué par le NPÚ, comme le précise sa porte-parole Simona Juráčková :

« La convention relative à la restitution de l’église de Zelená Hora est effectivement le premier contrat qui sera signé par l’Institut national du patrimoine, alors que nous avons reçu plus de quarante demandes. Il est prévu de rendre ce grand lieu de pèlerinage plus accessible pour le public et les touristes. D’importants travaux sont envisagés à cette fin. Mais il n’y aura pas que des visites, la paroisse souhaite également qu’un plus grand nombre d’offices, des messes, des mariages, des enterrements, y soient célébrés. Tout cela sans oublier les services pour les pèlerins, car Jean Népomucène est considéré comme le plus grand saint tchèque. »

Pour rappel, la loi qui divise la scène politique et l’opinion publique depuis près de vingt-cinq ans, prévoit que l’Etat restituera aux Eglises 56 % de leurs biens et leur versera aussi progressivement, sur une période de 30 ans, une compensation de 59 milliards de couronnes (2,15 milliards d’euros) pour les biens ne pouvant être restitués. Par ailleurs, l’Etat et les représentants des Eglises se sont entendus sur une période transitoire de dix-sept ans pendant laquelle les Eglises recouvreront leur indépendance économique : pendant les trois premières années, le gouvernement continuera de verser un salaire aux représentants des différents cultes et de payer les dépenses administratives des Eglises. Pendant les quatorze années suivantes, les paiements de l’Etat iront en décroissant chaque année de 5%.