Mon Dieu ! Une Tchèque en finale de l’Eurovision

Gabriela Gunčíková, photo: ČTK

C’est un petit événement. Pour la première fois de l’histoire, un représentant de la République tchèque est parvenu à se qualifier pour la finale du Concours Eurovision de la chanson. Ce samedi, à Stockholm, Gabriela Gunčiková représentera son pays, que l’on peut donc nouvellement appeler la Tchéquie, avec un tube en anglais « I stand » écrit par un trio de compositeurs suédo-irlandais.

Gabriela Gunčíková,  photo: ČTK
« Ca y est, Gabriela Gunčiková réécrit l’histoire ! », a exulté, en exagérant à peine, le commentateur de la Télévision tchèque mardi soir, au moment de l’annonce des résultats de la première demi-finale d’un Concours Eurovision certes très populaire dans de nombreux pays en Europe, mais qui n’a jamais passionné les foules en République tchèque. Cette année, il en sera (un peu) différemment et l’indifférence du public sera sans doute moindre. Même s’ils ne seront très probablement pas des millions comme pour les matchs de l’équipe nationale de hockey sur glace au championnat du monde qui se tient actuellement en Russie, les téléspectateurs tchèques réunis devant leur poste samedi seront malgré tout plus nombreux qu’en temps normal pour suivre la finale.

Ce succès, le premier donc depuis la réapparition du pays au concours en 2007, la République tchèque le doit à une chanteuse de 22 ans, déjà finaliste de l’émission télévisée « La SuperStar tchéco-slovaque » en 2011 et accessoirement élue Miss Eurovision cette semaine par les téléspectateurs polonais sensibles à ses beaux yeux bleus et à ses longs cheveux blonds.

Gabriela Gunčíková,  photo: ČTK
Après les échecs des différents représentants tchèques les années précédentes, avec notamment la dernière place du groupe de rock Kabát en 2007, l’avant-dernière de Tereza Kerndlová en 2008 et le zéro pointé du groupe de rap Gipsy.cz en 2009, trois « performances » qui avaient poussé les Tchèques à quitter le concours pour n’y revenir que l’année dernière sans beaucoup plus de réussite, la qualification pour la finale de Gabriela Gunčiková constitue une sorte de tournant dans la perception du concours. Un nouvel intérêt dont est bien consciente Gabriela Gunčiková, qui voit en l’Eurovision un moyen de lancer pour de bon sa carrière :

« C’est une émission de télévision qui, comme Super Star, donne la possibilité aux artistes d’accéder et de percer sur le marché de l’ensemble de l’Europe. Ce concours n’est toutefois qu’une rampe de lancement, car il convient de continuer à beaucoup travailler pour faire son trou et être reconnu. Mais il n’appartient ensuite qu’au chanteur de saisir sa chance. »

Photo: Universal Music
Gabriela Gunčiková, qui depuis 2013 vit et exerce ses talents de chanteuse l’essentiel de l’année aux Etats-Unis, n’est pas uniquement une spécialiste des concours télévisés. Le premier de ses deux albums sortis à ce jour, « Dvojí tvář » (avant « Celkem jiná » en 2013), lui avait ainsi déjà valu d’être désignée « Découverte de l’année » en 2011 lors de la traditionnelle enquête des Rossignols tchèques. Une découverte qui n’en est cependant pas une pour tout le monde. Journaliste spécialisé et observateur attentif de la scène musicale tchèque, Josef Vlček est même assez critique tant sur le Concours Eurovision que sur le relatif succès de Gabriela Gunčiková :

« Pendant très longtemps nous n’avons pas participé à un concours que nous avons toujours considéré avec un certain dédain, notamment dans les années 1990. Cela ne fait que quelques années que la République tchèque participe de nouveau. Il faut bien dire que la majorité des chanteurs et groupes que produit l’Eurovision n’ont absolument rien d’exceptionnel. Je pense d’ailleurs la même chose de la chanson de Gabriela Gunčíková. Je pense que c’est une chanson très moyenne comme il s’en produit des dizaines et des dizaines chaque année dans la musique pop. »

Le public européen, lui, s’est déjà fait une première opinion, un peu différente, mardi et jugera de nouveau samedi soir. En attendant, on vous laisse le soin d’apprécier (ou pas)…