Mon coin de Prague : Barrandovské terasy

Barrandovské terasy, photo: Barbora Kmentová

Rien n’arrêtera la série estivale de Prague, sauf l’automne. L’épisode du jour nous emmène dans un lieu qui rappelle encore la Tchécoslovaquie de l’entre-deux-guerres malgré l’état de délabrement des bâtiments. Barrandovské terasy, les terrasses de Barrandov : un complexe autrefois grand luxe qui sert désormais d'abri aux SDF ou d’inspiration aux photographes. C’est une Suédoise d’origine iranienne qui nous y emmène. Morvary Samaré habite à Prague depuis quatre ans et a découvert ces terrasses de Barrandov il y a quelques mois :

Photo: ČT24
« Nous sommes sur les terrasses de Barrandov, dans le sud de Prague. C’est un complexe de bâtiment conçu par l’architecte Max Urban dans les années 1920. »

C’est le père de l’ancien président Václav Havel qui a demandé à Max Urban de le construire, c’est bien ça ?

« Exactement, le père de Václav Havel a été inspiré par le Cliff house, un bar et restaurant près de San Francisco en Californie. »

Il y a beaucoup de monde qui venait ici dans le temps…

Photo: ČT24
« Les riches et célèbres venaient ici pour danser et faire la fête. Certains films ont été tournés ici, dans ce cadre très approprié. »

Des films, avec notamment un film de Vladislav Vančura, tournés dans les années 1930, l’âge d’or de la République tchécoslovaque…

« Ce que j’aime ici c’est que cette histoire glorieuse est palpable. On entend presque tinter les verres… »

Les verres bus notamment par les célèbres actrices de l’époque, comme Adina Mandlová et Lida Baarová, ou encore le président Tomáš Garrigue Masaryk, qui venait aussi ici apparemment…

Photo: VitVit,  CC BY-SA 3.0 Unported
« Oui, souvent. C’est très près des studios Barrandov, donc c’était très visité par les célébrités. Il y avait aussi cette immense piscine en bas, très utilisée à l’époque et maintenant complètement abandonnée. »

Il faut dire que c’est assez sale autour de nous. Et il y a de la végétation partout.

« Oui le bâtiment est maintenant complètement délabré et tombe en morceaux. Dans les années 1930 c’était un endroit populaire, après la Seconde guerre mondiale les terrasses se sont lentement émiettées, puis il y a une certaine activité sous le communisme mais rien de comparable avec l’âge d’or précédent. »

Parce que les communistes ont donc nationalisé ce complexe pour ne le restituer à la famille Havel qu’après la révolution de velours…

« Oui et à ce jour personne ne sait vraiment ce qui va arriver à ce machin… »

Il me semble que le président Havel était assez désespéré par l’état des lieux et qu’il a recherché sans succès des investisseurs étrangers. Tout le bâtiment a été vendu il y a déjà quelques années par Dagmar Havlová à un homme d’affaires qui prévoyait de rénover…

« La vie semble avoir des plans pour cette bâtisse mais rien n’a été fait… »

Pourquoi venez-vous ici ?

« C’est en me promenant que j’ai découvert ce lieu et je n’en ai pas cru mes yeux. Il a vraiment déclenché mon imagination. J’ai essayé d’en apprendre plus à propos de l’endroit, j’ai pris beaucoup de photos et suis souvent ici. »

Il faut préciser que vous avez une société de production de films documentaires et que vous aimez aussi la photo. Croisez-vous souvent des photographes ici ?

« Oui j’ai vu beaucoup de photographes ici. Je crois qu’ils sont attirés par le mélange entre l’architecture d’origine et le côté abandonné du lieu. Moi en tout cas cela m’inspire beaucoup, ce n’est pas très difficile de faire des belles photos ici. Cela me fait souvent penser à Gatsby le magnifique. »

Photo: VitVit,  CC BY-SA 3.0 Unported
Aimeriez-vous produire un film ici ?

« J’aimerais bien ! Je trouve l’histoire très intéressante, mais c’est très abandonné et les gens ont oublié cet endroit. C’est intéressant et très mystérieux en même temps. Mon rêve serait peut-être de faire un court-métrage ici ! »


Tous les coins de Prague de cette série sont répertoriés ici : Mon coin de Prague

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