Moins de machines à sous et de jeux de hasard à Prague

Photo: Barbora Kmentová

Des centaines de bars et d’établissements proposant des jeux de hasard et des machines à sous vidéo devraient prochainement disparaître des rues de Prague, tandis que la publicité pour cette activité sera interdite. Le conseil municipal de la capitale a en effet adopté, jeudi soir, un amendement à la réglementation relative à la régulation des jeux de hasard. Mais si le nombre de bars à jeux appelés « herna » en tchèque devrait ainsi diminuer de moitié, la ville, elle, risque de perdre plusieurs centaines de millions de couronnes, en raison de l’imposition sur les jeux de hasard.

Photo: Barbora Kmentová
C’est à l’issue d’un débat (très) animé long de plusieurs heures que l’amendement en question, très controversé et critiqué par ses opposants, a été adopté. Si une majorité des conseilleurs municipaux souhaite voir disparaître les machines à sous de Prague, une importante minorité regrette, elle, de devoir se passer des revenus provenant de l’imposition des jeux de hasard. Président de la Fédération des villes et communes de République tchèque et maire de Kladno, ville située à quelques dizaines de kilomètres au nord de Prague qui a elle aussi décidé d’interdire la publicité pour les jeux de hasard, Dan Jiránek reconnaît que le choix est souvent cornélien :

« Bien sûr, c’est un grand dilemme pour chaque commune. On a toujours besoin d’argent, et plus encore en cette période compliquée de crise économique. Cela dit, un grand nombre de communes sont bien conscientes que l’argent n’est pas ce qu’il y a de plus important. La mission d’une commune est aussi de protéger ses habitants. Après, tout dépend du type de communes dont il s’agit. Il y a certaines villes très touristiques où il est difficile d’imaginer une interdiction totale des jeux de hasard. »

A Prague, le Parti des Verts notamment était favorable, à travers une pétition, à une tolérance zéro et à une interdiction totale. Son appel n’a pas été entendu puisque l’application de l’amendement adopté ne devrait permettre que la réduction de moitié, de 650 à 317, du nombre de bars et établissements proposant des jeux de hasard dans la ville. Par ailleurs, les mairies des arrondissements auront la liberté de choisir si elles interdisant complètement ou autorisent l’exploitation de ces jeux sur leur territoire. Une mesure qui peut surprendre, comme l’explique Dan Jiránek :

Dan Jiránek,  photo: SMOČR
« C’est l’affaire de l’organisation de chaque commune. Personnellement, pour ce qui est des grandes villes, je pense qu’il vaut mieux unifier la norme et l’appliquer à toute la ville. Si vous laissez les arrondissements décider, certaines vont décider d’interdire les jeux de hasard et d’autres de les autoriser. Cela peut certes permettre de réduire partiellement le nombre de salles de jeux et de machines à sous, mais pas la dépendance des joueurs et la criminalité. Car pour un joueur dépendant, cela ne posera aucun problème de se rendre dans une autre salle de jeux dans un autre arrondissement de la ville. »

Outre la publicité pour les jeux de hasard, les néons et toutes les lumières tapageuses ornant les façades des salles de jeux devront également disparaître pour moins attirer l’attention des passagers et des éventuels joueurs.

Toutefois, l’adoption de ces diverses interdictions et restrictions entraînera un manque à gagner relativement important pour la ville de Prague et les arrondissements qui décideront d’appliquer la nouvelle législation. En 2012, l’imposition des jeux de hasard avait rapporté 850 millions de couronnes (34 millions d’euros) à Prague. Et même si selon certaines estimations, vingt millions doivent être joués pour qu’un million retombe dans les caisses de la ville, il s’agit là d’une réalité économique à la lumière de laquelle on comprend mieux la position des opposants à l’amendement adopté. Celui-ci entrera en vigueur le 4 octobre prochain.