Mis en cause dans le rachat d'une usine de cacao au Ghana, le plus ancien député tchèque a démissionné

Michal Kraus, photo: CTK

Soupçonné par la police d'avoir participé à de sombres négociations lors de la privatisation d'une usine de traitement de graines de cacao au Ghana, Michal Kraus, le député tchèque le plus longtemps en exercice, a démissionné de son poste au Parlement, lundi, et s'est désengagé de toute fonction politique. Une nouvelle affaire qui secoue le petit monde politique tchèque.

Michal Kraus,  photo: CTK
L'affaire avait éclaté lundi 9 janvier. Le quotidien Mlada fronta Dnes rend alors publique une information selon laquelle Michal Kraus s'est rendu, en 2001 au Ghana, avec l'intention d'y investir 15 millions de dollars. Selon Frantisek Rigo, un homme d'affaires qui purge aujourd'hui une peine de dix ans de prison pour diverses escroqueries de plusieurs centaines de millions de couronnes et qui accompagnait le député à l'époque, les négociations menées en Afrique de l'Ouest n'ont toutefois pas abouties, Michal Kraus n'ayant pas apporté dans le projet l'argent promis. Or, toujours selon le témoignage de Frantisek Rigo, cet argent devait provenir d'un pot-de-vin versé dans le cadre d'une « importante commande publique sans cesse remise à plus tard ». Des propos que le député réfute, affirmant que tant le projet que son financement étaient du ressort exclusif de Rigo. Quant à sa présence au Ghana, le député explique qu'il s'y est rendu en tant qu'observateur afin de sonder les possibilités de collaboration entre les deux pays. De son côté, le Premier ministre social-démocrate Jiri Paroubek apporte aussitôt son soutien à son compagnon de parti.

Mais quelques jours plus tard, Mlada fronta Dnes publie les contrats conclus avec l'agence ghanéenne de privatisation prouvant que Michal Kraus a bien joué un rôle dans les négociations, et pas des moindres puisque sa signature figure en dessous du titre de « directeur ». Une nouvelle fois, le député ne se dégonfle pas et se justifie en argumentant avoir signé en tant que tel dans « l'euphorie du moment ». Une défense peu convaincante, mais la dernière goutte d'eau à faire déborder le vase est l'aveu de Michal Kraus qui reconnaît avoir aidé Frantisek Rigo à envoyer 50 000 dollars au Ghana comme accompte, en passant par le compte bancaire de sa mère. Du coup, la police mène une enquête visant à déterminer si en agissant de la sorte Michal Kraus n'a pas fait infraction à la loi et n'a pas aidé Frantisek Rigo dans une opération de blanchiment d'argent.

Le Premier ministre Jiri Paroubek,  photo: CTK
Quelles que soient les conclusions de l'enquête, suite à cette campagne médiatique, et après avoir consulté Jiri Paroubek, le député a annoncé qu'il quittait les bancs d'un Parlement au sein duquel il se trouvait depuis 1986, à l'époque en tant que membre du Parti communiste, et qu'il ne serait plus tête de liste de la social-démocratie dans la région de Liberec, en Bohême du Nord, pour les élections législatives en juin prochain. Dans un communiqué lu à la presse, lundi soir, par le Premier ministre, Michal Kraus a justifié sa décision en expliquant qu'il ne voulait pas que la campagne menée contre sa personne nuise aux intérêts de la social-démocratie. Et Jiri Paroubek a eu beau répéter que, selon lui, Michal Kraus « n'a rien fait de malhonnête et n'est lié à aucune affaire de corruption », la presse tchèque dans son ensemble, et avec elle ceux qui la lisent, considère son départ de la politique comme la seule décision acceptable dans l'immédiat.