Miloš Zeman et Tomio Okamura s’entendent comme larrons en foire

Miloš Zeman et Tomio Okamura, photo: ČTK

Miloš Zeman a assisté, samedi à Prague, au congrès du parti Liberté et Démocratie directe (SPD), la formation arrivée en quatrième position aux élections législatives en octobre dernier qui a fait du rejet de l’Union européenne, des migrants et de l’islam quelques-unes des priorités de son programme. A un peu moins d’un mois de la tenue du premier tour de l’élection présidentielle, la présence du chef de l’Etat n’est pas passée inaperçue.

Miloš Zeman et Tomio Okamura,  photo: ČTK
Du SPD et de son leader, le Tchéco-japonais Tomio Okamura, les médias tchèques et européens parleront encore très probablement beaucoup à la fin de cette semaine, quand se tiendra à Prague la conférence du groupe parlementaire européen Europe des nations et des libertés (ENL). En attendant donc d’accueillir Marine Le Pen, Geert Wilders ou encore Matteo Salvini, le désormais principal parti nationaliste en République tchèque s’est retrouvé sous le feu des projecteurs lors de son congrès national grâce au soutien du président de la République. Un Miloš Zeman qui, bien qu’il affirme ne pas mener campagne, s’est montré particulièrement conciliant avec ses hôtes. Et si ceux-ci se sont refusé à exprimer ouvertement leur soutien au locataire du Château de Prague dans la perspective de l’élection, Tomio Okamura a néanmoins clairement exprimé son soutien à un candidat qu’il espère suffisamment patriote pour rejeter la migration illégale et combattre « l’islamisation de la société » pour comprendre quelle était sa préférence :

« Nous ne voulons pas que siègent au Château de Prague des gens qui n’ont aucune vision et aucune opinion ; des gens dont le seul objectif visible est de faire de l’anti-Zeman. »

Ce congrès dont l’accès avait été interdit à plusieurs médias, parmi lesquels notamment les quotidiens Lidové noviny et Hospodařské noviny ou le site vidéo d’informations DVTV, a permis aux dirigeants du SPD et à Miloš Zeman d’accorder encore un peu plus leurs violons. Dans un discours adressé aux délégués, le chef de l’Etat a félicité à plusieurs reprises le parti pour le travail réalisé, indiquant même qu’il pourrait citer dix points sur lesquels il est d’accord avec les positions du SPD.

Une des rares critiques formulées par Miloš Zeman a concerné la remise en cause par le SPD de l’engagement de l’Armée tchèque dans les missions à l’étranger, l’Afghanistan sous l’égide l’OTAN et le Mali sous celle de l’Union européenne restant les priorités du gouvernement dans ce domaine. Sur ce point précis, le président s’est montré presque sarcastique :

Miloš Zeman et Tomio Okamura,  photo: ČTK
« Vous voulez combattre contre le terrorisme islamiste, mais vous êtes opposés à la participation des soldats tchèques au combat contre les terroristes islamistes. »

Concernant un autre point d’actualité, la volonté de transférer l’ambassade des Etats-Unis de Tel-Aviv à Jérusalem, les deux parties se sont en revanche parfaitement entendues. Miloš Zeman a vivement critiqué l’Union européenne, qu’il a qualifiée de « lâche » et accusé de soutenir ce qu'il appelle « le mouvement terroriste pro-palestinien » au détriment du « mouvement pro-israélien ». De leur côté, les dirigeants du SPD ont appelé le gouvernement à faire le nécessaire pour transférer également l’ambassade tchèque.

Une revendication en forme de provocation qui avait donc tout pour plaire à un Miloš Zeman qui, malgré les multiples critiques dont il a été la cible à gauche comme à droite de la scène politique tchèque suite à sa participation à ce congrès, demeure un des principaux favoris à l’élection présidentielle.