Michel Platini à Prague : « Les plus riches ont toujours eu les meilleurs résultats »

Michel Platini, photo: CTK

Michel Platini était de passage à Prague vendredi et samedi derniers. Un passage remarqué puisqu’il s’agissait de la première visite officielle en République tchèque de l’un des plus grands joueurs de l’histoire dans son rôle de président de l’Union européenne de football (UEFA). A l’issue d’une conférence de presse au cours de laquelle il a notamment fait part, en bon diplomate, de son admiration pour le palmarès et la qualité du football tchèque, Michel Platini, dont les idées de réformes du football européen recueillent un écho favorable en République tchèque, a répondu à quelques questions de Radio Prague.

Michel Platini,  photo: CTK
-Michel Platini, vous passez en République tchèque après une tournée en Europe de l’Est qui vous a mené en Albanie, Bulgarie et Roumanie. Y a-t-il des thèmes communs à cette région de l’Europe qui reviennent régulièrement ?

« Non, je dirais plutôt que chacun a ses problèmes et une façon propre de voir le football. Ce n’est pas la sempiternelle histoire du football partout, c’est plutôt la sempiternelle histoire dans chaque pays. C’est vraiment différent dans chaque pays, que ce soit en République tchèque ou ailleurs. Chacun a des problèmes qui lui sont propres, et mon rôle, puisque je suis au milieu de tout cela, est de tenir compte des problèmes des cinquante-trois pays affiliés à l’UEFA. »

-Quels sont les problèmes dont on vous a fait part plus particulièrement ici, à Prague ?

« Ici, il n’y a pas vraiment de problèmes. Il y a des questions qui ont été posées par rapport à la présidence tchèque de l’Union européenne sur la spécificité du sport. Mais pour ce qui est de la fédération nationale, il n’y a pas de soucis en République tchèque. Non, tout va bien. »

Photo: CTK
-D’une manière générale, les propositions de réformes que l’UEFA s’efforce de mettre en place, par exemple par rapport à la Ligue des champions ou à la règle du 6+5 (règle selon laquelle les clubs seraient tenus d’aligner dans le onze de départ au moins six joueurs possédant la nationalité du pays que le club représente pour un maximum de cinq joueurs étrangers), sont bien accueillies dans les pays de plus petite taille, comme la République tchèque. Cela vous gène-t-il qu’un club comme par exemple le Sparta Prague ne participe plus régulièrement à la Ligue des champions ?

« Oui, c’est justement parce qu’il y a des grands pays de football qui ne sont pas représentés par leurs champions que nous changeons la formule de la Ligue des champions. Il y a treize champions qui participent à la compétition cette saison, il y en aura cinq supplémentaires la saison prochaine, ce qui veut dire cinq pays en plus représentés. Nous faisons donc évoluer les choses de façon positive. Après, qui dit Ligue des champions dit ‘champions’, il faut donc que ce soient quand même les trente-deux meilleurs qui jouent. C’est donc au Sparta Prague, aux clubs tchèques, polonais ou serbes de gagner sur le terrain le droit de participer. Mais en tous les cas, nous les mettons dans de meilleures dispositions. »

-Pensez-vous qu’il soit possible, quand on prend en considération le budget dérisoire d’un club comme le Sparta Prague, de pouvoir concurrencer les clubs beaucoup plus riches des nations fortes du football européen ?

« Mais est-ce qu’ils les concurrençaient déjà il y a cinquante ans ? »

-Oui, mais il n’y avait pas les nombreux départs des joueurs…

« Oui, mais ils ne les concurrençaient pas il y a déjà cinquante ans de cela. A l’époque, ça fonctionnait déjà comme ça. Les clubs qui avaient le plus de spectateurs avaient les plus belles équipes. Puis après les clubs qui avaient des mécènes et aujourd’hui ce sont ceux qui ont les droits de télévision les plus élevés. C’est toujours la même histoire : celui qui a le plus d’argent a toujours eu les meilleurs joueurs et donc les meilleurs résultats. C’est très difficile voire impossible de régulariser la compétitivité. On peut travailler sur une sorte de fair-play financier, sur la régularité des comptes et plein de choses encore. Mais sur la compétitivité, c’est compliqué. En Espagne, par exemple, les joueurs ne paient pas d’impôts, en France et en Italie, ils ne paient pas les charges, etc. Donc, vous voyez, c’est très difficile. »