Metropolis, graffitis et art urbain tchèque envahissent les locaux de la galerie DOX

Photo: Mirek Lédl, www.doxprague.org

Après le vif succès remporté au pavillon tchèque lors de l’exposition universelle « Shanghai 2010 », l’exposition Metropolis, fruit de la collaboration de six artistes tchèques de renom et bien connus depuis quinze ans sur la scène de l’art urbain et des graffitis, a quitté l’empire du milieu pour rentrer à Prague où elle s’est installée depuis le 15 octobre et cela jusqu’au 31 décembre entre les murs de la galerie d’art contemporain DOX du quartier de Holesovice.

Photo: Mirek Lédl,  www.doxprague.org
Si le graffiti et l’art urbain est un phénomène répandu dans des villes comme New York, Paris, Berlin ou Bristol où les travaux de Banksy ne sont plus à présenter, à Prague, des artistes de la même génération comme Masker, Pasta, Tron, Skarf, Cryptic 257 et Point, ont su s’imposer depuis ces dernières années et transformer l’art urbain en expression plastique qui se hisse au niveau des autres créations contemporaines. Les medias utilisés par l’art urbain sont variés : affiches, pochoirs, autocollants, photographies, graffitis… Or, d’après Jan Slavik, étudiant en photographie à la faculté d´art et design d’Ustí nad Labem, le chemin est long de la rue à la galerie.

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«Le chemin est long... Je n’ai jamais compté mais cela a dû prendre 10 ou 15 ans pour voir cette transformation s’opérer. De plus de nombreux artistes de rue ont suivi également un cursus académique. Mais à vrai dire, le graffiti n’est pas très populaire de nos jours dans les grandes villes parce que ça reste une chose illégale. Prague fait partie de ces villes dans lesquelles on trouve toujours des graffitis dans la rue et les gens continuent d’en faire. Aussi, ce n´est pas juste de dire que tous sont des gens qui font des graffitis illégaux. Un grand nombre d’entre eux font aussi des graffitis légaux et les générations plus anciennes arrivent même dorénavant à exposer leur travail dans des galeries parce qu’ils ont modifié leur façon de concevoir le graffiti de telle sorte qu’il trouve sa place dans les galeries. »

Photo: Mirek Lédl,  www.doxprague.org
Dans l’art contemporain, l’expression de l’ego, même parfois sous ces formes les plus décadentes, est devenue la garantie de l’originalité et de la liberté de création absolue. En revanche, les graffitis, souvent considérés comme du vandalisme soulèvent de nombreuses controverses. Ils sont pourtant aussi un moyen d’expression personnel, une marque de l’individualité qui tend à percer au travers de l’impersonnalité et l’anonymat de la jungle urbaine pour exprimer une idée ou traduire un sentiment. Serait-ce alors le manque de respect pour le lieu dans lequel ils s’inscrivent qui leur valent tant d’objections ? Blanka Čermáková, commissaire de l’exposition :

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« Un jeune ‘street-artiste’ n’a pas vraiment de respect pour l’architecture. Il ne veut pas rendre la ville plus belle. C’est comme s’il voulait dire : je suis ici et je veux montrer ce que je sais faire. Le respect vient plus tard. Avec l’âge, cet aspect destructif de leur création disparaît. Ils veulent désormais se présenter autrement. Ils disent toujours, à travers leur création : ‘Je suis ici, regardez ce que j’ai fait, c’est super, c’est encore mieux et plus grand qu’avant. Mais ils n’ont plus besoin de faire valoir leur ego au détriment des autres. »

Recréer un lieu où le graffiti trouvera sa force d´expression et recréer une ville du futur à l’intérieur même des locaux de la galerie DOX : tels sont les défis relevés par cette exposition. Le résultat : une nouvelle expérience de l’art et de l’esthétique. C’est l’esthétique de l’art urbain certes, mais qui n’est pas sans rappeler aussi celle du pop art des années 50 ou encore celle du néon et des lumières électriques et cathodiques déjà expérimentée depuis les années 70 par Nam June Paik ou Bruce Nauman.

Photo: Mirek Lédl,  www.doxprague.org
Et pour ceux qui trouveraient l’exposition trop petite, vous pourriez toujours aller faire une autre expérience utopique avec les expositions « Planete Eden » qui offre à voir le futur tel qu’il a été conçu en Tchécoslovaquie des années 1948 à 1978 ou l’exposition « Le futur du futur », questionnement et anticipation sociale et culturelle sur ce dont notre demain sera fait.