Menacées de disparition par le manque d'élèves, certaines écoles tchèques offrent des primes aux parents pour l'inscription de leurs enfants

Il manque d'enfants en République tchèque et certaines écoles risquent de disparaître. Tel est le constat que de plus en plus de directeurs de petites écoles primaires font depuis quelques années...

Les chiffres sont sans équivoque. Ainsi, depuis l'année scolaire 1995-96, le nombre d'enfants en âge d'être inscrits en CP, classe préparatoire, a chuté de près de 40 000. Ce jeudi, alors que s'est ouverte la période des inscriptions, ils étaient un peu moins de 90 000 à pouvoir commencer à apprendre à lire et à écrire en septembre prochain.

Un phénomène inquiétant qui s'explique par un taux de natalité en chute libre, depuis le début des années 1990, et qui est, aujourd'hui, l'un des plus faibles au monde avec à peine 9 naissances pour 1000 habitants. Avec un indice de fécondité de 1,1 enfant par femme, le nombre annuel de naissances est d'environ 90 000, le même chiffre que l'on retrouve, très logiquement, lors des inscriptions en première, soit la classe préparatoire pour les Tchèques. Résultat, notamment dans les villages, les mêmes bancs des salles de classe où, voilà quelques années encore, des dizaines de petites têtes blondes usaient leurs fonds de culotte sont désormais désespérement vides.

Un phénomène accentué par le choix de certains parents de retarder d'une année l'entrée à l'école de leur enfant. Après consulation avec un psychologue, ils sont, en effet, désormais pas moins de 25% d'une génération à former et déchiffer leurs premières lettres à l'âge de sept ans plutôt que six. Un choix des parents décrié par les directeurs d'école, mais défendu par les psychologues qui estiment que le comportement des enfants a évolué dans un monde sans cesse plus dynamique. Plus actifs et vivants, selon les spécialistes, certains enfants, qui ne craignent plus les adultes, auraient des problèmes à respecter l'autorité à laquelle ils se retrouvent confrontés à l'école. Or, à sept ans, il serait plus facile d'expliquer au petit rebelle plus mature qu'il doit écouter « Madame la maîtresse ». Des explications qui ne conviennent pas à la ministre de l'Education nationale. Petra Buzkova estime qu'à six ans, un enfant est en mesure d'intégrer la classe préparatoire :

« Je pense que chaque parent doit bien peser sa décision, mais je ne pense pas que l'entrée en classe préparatoire soit un changement si important dans la vie de l'enfant au point qu'il ne puisse pas entrer à l'école quand il en a l'âge. »

Quoiqu'il en soit, de plus en plus d'écoles manquent d'élèves. Pour remédier à cette évolution, les directeurs, soutenus par les municipalités, ont donc adopté diverses politiques pour convaincre les parents d'inscrire leurs enfants dans leurs établissements. Certaines écoles s'efforcent, ainsi, d'enrichir au maximum la palette des activités extra-scolaires proposées aux élèves en dehors des heures d'enseignement. De leur côté, des municipalités proposent aux familles le remboursement des achats de fournitures. Mais d'autres ont choisi une méthode encore plus radicale qui consiste, tout simplement, à offrir une prime aux parents qui inscrivent leur enfant dans l'école du village. Une façon de procéder certes contestable, mais moins onéreuse que l'exception accordée par le ministère de l'Education nationale aux écoles ayant de faibles effectifs. Et qui, surtout, à l'heure actuelle, permet à certaines écoles de survivre.