Médias tchèques : la vie dans l'Europe à deux vitesses continue

Le Premier ministre de Pologne, Leszek Miller, photo: CTK

Catastrophe, fiasco total, fin du monde... Non, la presse tchèque ne voit pas l'avenir de l'Europe aussi sombrement. Pour une fois, les commentateurs mettent le pessimisme typique des Tchèques au rancart et constatent, sans amertume ni idéalisme, que la vie continue, ainsi que le débat sur l'Europe à 25. Revue de presse, après le sommet européen de Bruxelles, avec Magdalena Segertova.

Le sommet de l'UE à Bruxelles - Silvio Berlusconi,  photo: CTK
D'où provient l'échec de ce sommet étrange et éclair, "sans débats épuisants, sans hectolitres de café et milliers de baguettes avalées", comme le décrit le journal Hospodarske noviny ? "Il y a plus de dix ans, les Communautés européennes se sont transformées en Union européenne et, avec l'euro, l'intégration monétaire et économique a primé sur la politique", explique Adam Cerny dans ce même journal. D'après lui, un "nouveau jeu européen commence", un jeu où il ne faudra bâcler aucune partie.

La polémique européenne n'a pas commencé vendredi dernier à Bruxelles, mais bien plus tôt, lit-on dans de nombreuses analyses. Petr Fischer de la BBC parle, dans le quotidien Lidove noviny, de "la division rampante de l'Europe". Ce qui sépare les deux camps opposés, c'est, d'après lui, la double perception de notre réalité. "Le Président Chirac l'a exprimé clairement", écrit Petr Fischer, "lorsqu'il a parlé de 'certaines différences culturelles' qui s'étaient manifestées à Bruxelles." D'un côté, la France, l'Allemagne et même la Grande-Bretagne, qui souhaitent une Europe forte et respectée, de l'autre côté la critique, symbolisée par la Pologne, qui a peur de voir se dissoudre dans la mer européenne l'identité des Etats membres. L'Europe à deux vitesses ? Pas de panique, on ne s'apprête pas à dresser de nouveaux murs, mais à permettre à tout un chacun de choisir librement sa stratégie, ses priorités, bref, son avenir, constate Petr Fischer de la BBC.

Le Premier ministre de Pologne,  Leszek Miller,  photo: CTK
A ce propos, le journaliste Marek Svehla, de l'hebdomadaire Respekt, suggère aux Polonais de réfléchir s'ils veulent vraiment faire partie d'un ensemble qui s'appuie sur les principes de confiance et de compromis. Faut-il s'inquiéter de l'avenir ? Marek Svehla réconforte les lecteurs : "Pour l'instant, il ne se passe rien de tragique. Grâce au traité de Nice, l'UE sait comment fonctionner après l'élargissement... Et puis, l'Europe à deux vitesses, ça existe déjà - certains pays ont adhéré à l'union monétaire et à Schengen, d'autres pas, certains veulent créer un système de défense, d'autres pas." Dans son ensemble, la presse se félicite de la position de la République tchèque à Bruxelles et notamment de sa volonté d'intégrer le groupe de "coopération renforcée" avec l'UE. "Un petit pays au coeur du Vieux continent, avec une histoire horrible, n'a pas pu faire autrement", conclut l'hebdomadaire Respekt.

Auteur: Magdalena Segertová
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