Martin Roman quitte le poste de directeur général de la société ČEZ

Martin Roman, photo: CTK

Martin Roman, homme qui symbolisait la réussite économique, s’en va. Le directeur général de la société ČEZ a été relevé de ses fonctions sur sa propre demande par le premier ministre Petr Nečas et sera remplacé par l’actuel directeur exécutif de la société, Daniel Beneš. Le départ d’un des hommes les plus puissants de l’économie tchèque a suscité aussitôt toute une série de spéculations sur les causes de sa décision.

Martin Roman,  photo: CTK
Le groupe ČEZ est le plus grand producteur d’énergie en République tchèque et la plus grande société cotée en bourse d’Europe centrale. Son capital dépasse 400 milliards de couronnes, quelque 16 milliards d’euros. 70 % des actions de ČEZ sont en possession de l’Etat tchèque qui gère ces biens par l’intermédiaire du ministère des Finances. Les succès économiques de la société sont dus sans doute à sa situation privilégiée dans l’espace économique tchèque mais aussi en partie à la direction et à la stratégie de Martin Roman. Il est donc d’autant plus étonnant que cet artisan du succès de ČEZ et de son expansion à l’étranger décide de quitter cette mine d’or. En annonçant la nouvelle, l’attaché de presse du gouvernement Jan Osúch s’est limité à un constat de fait :

« M. Roman est relevé de ses fonctions à sa propre demande. Je le regrette mais je ne peux pas ajouter pour le moment d’autres commentaires à cette information. »

Dans une déclaration pour le journal Lidové noviny, Martin Roman indique avoir demandé au premier ministre de le relever des fonctions de directeur général et de chef du Conseil d’administration de ČEZ et avoir accepté le poste de directeur du Conseil de surveillance de la société. Selon une information citée par le journal se référant aux milieux proches du premier ministre, Petr Nečas souhaiterait que le nouveau directeur centre ses activités sur l’élargissement de la centrale nucléaire de Temelín. Les experts qui s’interrogent sur les causes profondes de ce départ l’attribuent en partie aux changements que subit actuellement l’espace économique européen. Le rédacteur en chef du magazine Euro Pavel Páral estime que le nouveau directeur de ČEZ sera obligé de prendre toute une série de décisions essentielles :

« La société ČEZ fera l’objet de diverses pressions à cause du projet d’élargissement de la centrale nucléaire de Temelín. Cette pression viendra notamment de la part des pays de l’Union européenne surtout après la décision de l’Allemagne de mettre fin à l’exploitation de l’énergie nucléaire. L’Allemagne tâchera donc sans doute de bloquer le programme nucléaire aussi en République tchèque. (…) Il y a donc toute une série de pressions qui pourraient nuire aux résultats économiques de la société ČEZ. »

Selon l’analyste de la société BH Securities, Petr Hlinomaz, il semble qu’une étape de l’existence de ČEZ touche a sa fin. A son avis, le géant de l’industrie énergétique change de stratégie et réduit ses projets d’expansion :

« La société ČEZ passe à la consolidation et cherche à centrer ses activités sur le marché tchèque. Elle y est poussée par l’évolution économique mais aussi par les projets de régulation et les conséquences de l’introduction massive de centrales photovoltaïques dans le système énergétique en Tchéquie. Ce changement de stratégie pourrait être souhaité en ce moment aussi par l’Etat tchèque qui est le plus grand actionnaire de la société. »

Le journal Mladá fronta Dnes met le départ de Martin Roman en relation avec les informations sur son engagement dans la privatisation des sociétés Škoda Holding et Mostecká uhelná. Martin Roman rejette néanmoins fermement toutes ces spéculations qui risquent de le compromettre.