Mairie de Prague : la crise perdure, le maire pourrait être remplacé

Bohuslav Svoboda, photo: CTK

« Du rififi à la mairie », avions-nous titré le 29 avril dernier lorsque nous avions évoqué la situation au sein de la coalition municipale de droite de Prague. Un peu moins d’un mois plus tard, les choses ne se sont guère améliorées, bien au contraire. Lundi, le parti TOP 09 a d’abord annoncé qu’il résiliait le contrat de coalition avec le parti civique démocrate (ODS), avant, ce mardi, de réclamer un siège supplémentaire au conseil municipal, dont celui de maire occupé par Bohuslav Svoboda.

Bohuslav Svoboda,  photo: CTK
Les deux principales formations de la coalition gouvernementale tripartite, où leur collaboration fait régulièrement des étincelles, l’ODS et TOP 09, sont également depuis trois ans les deux grands décideurs au conseil municipal de Prague. Même si le maire de la capitale est membre de l’ODS, TOP 09, vainqueur des élections en 2010, dispose d’une légère majorité au sein du conseil. Cela n’empêche pas le parti conservateur de lorgner sur certains portefeuilles pour l’heure aux mains des conseillers ODS, et notamment ceux des transports, des finances et du patrimoine. Autant de domaines de compétence qui ont toujours posé problème dans une mairie de Prague pas spécialement réputée pour la transparence de son fonctionnement et du financement de nombre de ses investissements. C’est également ce que pensait Bohuslav Svoboda lundi soir, peu après l’annonce faite par les responsables de TOP 09. Pour le maire, la situation est plus simple qu’elle ne paraît et il s’agit d’abord d’une lutte d’influence :

« Ma façon de voir les choses est que TOP 09 veut récupérer tout le pouvoir. Ils veulent se mettre en évidence parce que les sondages sur les intentions de vote leur sont défavorables. Mais ce n’est pas le plus important. Je suis très curieux de voir ce que TOP 09 va annoncer comme problèmes pour justifier son intention de résilier le contrat de coalition. »

Le maire de Prague n’a pas dû attendre longtemps pour obtenir une réponse à ses interrogations. Et c’est son adjoint de TOP 09 Tomáš Hudeček, toujours lundi, qui l’a exprimée :

Tomáš Hudeček,  photo: Šárka Ševčíková,  ČRo
« Pour TOP 09, le principal problème, et nous l’avons déjà dit et redit, est la situation économique de Prague. Suite aux investissements de l’ancienne direction ODS de la mairie (à l’époque de l’ancien maire Pavel Bém, ndlr), il existe aujourd’hui un gouffre entre l’endettement de la ville et sa capacité à rembourser. Nous réclamons donc des solutions urgentes. La première que nous proposons est d’augmenter les revenus à travers des investissements qui rapporteront de l’argent à l’avenir, concrètement le rachat des usines à gaz de la ville et des services de traitement des déchets. Deuxièmement, nous souhaitons une réorganisation de la municipalité pour parvenir à une réduction de sa bureaucratie. Enfin, troisième mesure, nous exigeons une réduction également des frais de fonctionnement de la mairie. Il ne s’agit pas d’avoir moins d’investissements, mais de revoir à la baisse le train de vie de la municipalité. Sans cela, nous refusons de poursuivre notre collaboration avec l’ODS au conseil dans sa composition actuelle. »

Du côté de l’ODS, on cherchait cependant d’abord à calmer le jeu, presque surpris par la virulence des attaques de son partenaire de coalition :

« Je pense qu’une collaboration est toujours possible. Je n’ai entendu aucun argument provenant de TOP 09 qui justifierait la fin de cette collaboration. Je considère comme tout à fait naturel qu’il y ait des différends au sein d’une coalition. Mais bouder et faire des pieds et des mains comme le ferait un gamin pour parvenir à une solution qui n’est acceptable que pour lui n’a plus rien à voir avec le travail d’une bonne coalition. »

Photo: Filip Jandourek,  ČRo
Mardi matin, les deux partis ont mené de nouvelles discussions devant leur permettre de s’entendre sur un nouvel accord de coalition. TOP 09 réclame ainsi sept sièges au conseil municipal, soit un de plus qu’actuellement, et surtout le poste de maire. Si Bohuslav Svoboda était bien appelé à quitter ses fonctions, cela signifierait le départ d’un homme un temps surnommé « Monsieur Propre » qui, en prenant le relais de son très controversé prédécesseur Pavel Bém à la tête de la mairie de Prague, a fait de la lutte contre la corruption une de ses priorités. Un programme qui ne plaît pas forcément à tout le monde.